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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/418

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Le coup de pistolet partit, mais la balle rencontra le lourd battant qui déjà virait.

Chacun connaît le poids de ces portes massives, chacun sait comme elles tournent libres sur leurs gonds robustes. André avait une force d’athlète, décuplée par la passion du moment. Ce fut une hideuse exécution.

La porte, lancée comme un boulet de canon, renversa Lecoq et se referma net, malgré l’obstacle de sa tête horriblement broyée, qui disparut, laissant un tronc mutilé…

André s’affaissa évanoui.

La baronne Schwartz demanda d’une voix étouffée :

« Est-il mort ?

— Non, » répondit M. Roland, qui lui tâtait le cœur.

Elle tendit alors ses deux mains au baron Schwartz, qui mourait, agenouillé à ses pieds et qui dit :

« J’ai bien fait de ne pas me tuer. »

André avait raison : il y avait là un cœur.

Il appuya ses lèvres desséchées contre les belles mains de Julie et put murmurer encore :

« Devant Dieu qui sait comme je vous aimais, je jure que je ne suis pas coupable, mais… »

Son dernier soupir emporta le restant de sa pensée. La balle avait tranché une artère.

Que Dieu vous garde d’un MAIS, quand votre conscience jettera son cri suprême !


Le bal Schwartz s’achevait en des gaietés charmantes. Quand on danse, on n’entend rien, pas même le tonnerre.