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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/421

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avec lumière voltaïque et enlèvement d’un ballon. Au septième tableau, embrasement général de la forêt. Les critiques sérieux pariaient pour un monstrueux succès tout le long du boulevard, en déplorant néanmoins les voies funestes où l’art dramatique s’égare depuis le décès prématuré de Voltaire.

I

Avant le lever du rideau.

À l’orchestre, une société choisie faisait salon bruyamment.

« Je ne sais pas, dit Cabiron le lanceur d’affaires, comment ils ont placé des Indiens anthropophages dans une pièce éminemment parisienne.

— Il y a de tout à Paris, répliqua Alavoy. Quand on pense que nous avons déjeuné vingt fois chez ce colonel !

— Fra-Diavolo ! une bourde audacieuse !

— Ma parole d’honneur sacrée ! s’écria Cotentin de la Lourdeville, j’ai vu le fameux scapulaire entre les mains de ce cher M. Maynotte. Le nom y était en toutes lettres : Fra-Diavolo. Et les dates des batailles… ça et ça… Il avait eu le pape prisonnier dans l’Apennin, ce coquin-là ! Son vrai nom était Michel Pozza ou Bozza ; il avait déjà été pendu à Naples, comme chef de la Camorre, en 1806. Je ne me repens pas d’avoir prononcé quelques paroles bien senties sur sa tombe, parce que, en définitive, c’est un personnage historique.