Aller au contenu

Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/430

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

serves de Mlle Blanche, présentement épouse de notre sieur Maurice Schwartz. Il y eut des difficultés matérielles pour ouvrir : des lambeaux d’étoffes, des muscles broyés, restaient forcés entre le battant et le seuil du coffre-fort : car vous n’ignorez pas que M. Lecoq, chef présumé de l’association des Habits Noirs, avait été virtuellement guillotiné par la fermeture de la caisse. Les hommes de l’art trouvèrent le fait très curieux, mais explicable ; la caisse, construite pour un autre usage, avait agi, dans ce cas particulier, comme une paire de cisailles : c’est le propre mot des hommes de l’art. Et si vous voulez venir visiter ça, un matin, vous verrez quelle qualité d’acier : les angles tranchent comme des rasoirs ; nous nous amuserons à couper, par le même procédé, divers objets de peu de valeur ; j’en ai fait collection en vue des personnes qui désirent se rendre compte. La chose véritablement étonnante, c’est qu’il fut trouvé, sous le cadavre dudit M. Lecoq, quatre liasses de faux billets de banque, imités aux pointes d’asperges ! Je les ai tenus dans ma main : c’était à se demander si on avait la berlue. On en saisit là pour quatre millions !

— Quatre millions ! » répéta le pourtour.

Adolphe continua :

« Vous souvenez-vous de la soirée du dimanche, trois jours avant l’événement, dans la voiture de Livry, où nous étions, diverses soustractions furent commises ?…

— Ma boîte d’argent ! s’écria Mme Blot.

— Celle de Mme Champion, qui était fort belle, ayant coûté quatre-vingts francs en fabrique, et mon propre porte-monnaie. Je soupçonnais dès lors…

— C’est bien rare, l’interrompit M. Tourangeau, qu’on signale des voleurs dans ce pays-ci.