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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/59

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magnes et qui était célèbre dans l’univers entier sous le nom de Fra Diavolo. Vous saurez que ce nom se transmettait comme celui de Pharaon en Égypte : il y a eu dix Fra Diavolo. Nicolas Patropoli était en Corse pour se refaire, tout uniment, au couvent de la Merci. Un habile médecin l’y soignait. Il se peut que ce sauvage coin de terre, s’il ne sert pas de quartier général, soit au moins un lieu d’asile pour les francs-maçons du crime. Vous jugerez.

Je puis vous affirmer ceci : la vieille fable d’un monastère habité par des bandits déguisés en moines était une réalité en Corse, à la fin du siècle dernier. Le souvenir de ces terribles pères du couvent de la Merci est encore très vif aux environs de Sartène et bien des gens ont vu debout ces sombres murailles derrière lesquelles se cachait une éternelle orgie. Le monastère de la Merci existait, en 1802, à la lisière des immenses bois de châtaigniers qui bordent le maquis. Ce fut un comte Bozzo encore qui démolit ce repaire dans les premières années de l’Empire.

Le dernier Fra Diavolo, Père des Veste-Nère d’Italie et supérieur du couvent de la Merci, avait combattu les Français en bataille rangée. Il se nommait Michel Pozza, selon les uns, Bozzo, selon les autres, et fut pendu à Naples, en 1806, dit-on.

Ce Michel Bozzo, dernier chef des moines brigands, et le comte Bozzo, destructeur du monastère, étaient-ils parents ? On ne sait.

Les comtes Bozzo, comme cela se voit souvent dans les pays primitifs, étaient la tête d’une immense famille où il y avait plus de pauvres gens que de riches seigneurs. J’ai observé pareille chose en Écosse où toute une peuplade porte le même nom. Sous la Restauration, les principales têtes de la race ou du clan, comme on