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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/60

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dirait en Angleterre, se dispersèrent. Il ne resta que la branche des Bozzo-Corona, de Bastia, et la lignée de Sébastien Reni, établie aux environs de Sartène. Sébastien Reni portait le titre de chevalier. Il vivait au château avec sa femme, qui était une Française. Le clan le reconnaissait pour son chef et, quand il eut une fille, l’évêque d’Ajaccio vint la tenir sur les fonts de baptême. Elle eut nom Giovanna-Maria.

Du couvent de la Merci, il ne restait qu’une tour demi-ruinée. À cette tour, une maison moderne s’appuyait modeste et blanche, parmi les sombres ruines. De temps en temps, un homme venait habiter cette maison. Il était riche et répandait de l’argent dans le pays. Ce n’était pas un étranger ; il avait nom Bozzo. Sa femme, morte depuis longtemps déjà, était une Reni ; sa fille et son gendre, un Reni également, habitaient les communs du château. Et pourtant, malgré ces alliances connues, unie atmosphère mystérieuse enveloppait cet homme, qu’on nommait Le Père ou Le Père à tous.

Dans ses longues et fréquentes absences, nul ne savait où il allait.

L’année 1818 se montra féconde à Paris en attentats contre les personnes et les propriétés. Ce fut au point qu’on attribua ces méfaits à un parti politique qui aurait essayé ainsi de déconsidérer le gouvernement établi. On vit, au beau milieu d’une prospérité sans exemple, la panique s’emparer de toutes les classes de la société. Le croquemitaine qui causait ces terreurs avait un nom, déjà prononcé en semblables circonstances sous l’Empire et même, disaient les vieillards, avant la révolution : il s’appelait l’Habit-Noir.

Les personnes raisonnables avaient cependant beau jeu pour révoquer en doute l’existence de ce bandit lé-