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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/61

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gendaire, car, pour chaque crime commis, il y eut une condamnation prononcée, et, si quelque chose avait dû étonner les observateurs, c’eût été peut-être l’extrême exactitude du bilan judiciaire qui put placer, sans exception aucune, le coupable puni en face de chaque méfait accompli.

Vous connaissez le colonel Bozzo Corona, qui est maintenant presque centenaire ?…

« Est-ce que c’est l’Habit-Noir ? demanda Étienne en riant, ou Fra Diavolo ressuscité ?

— Laisse parler ! » dit sévèrement Maurice.

M. Bruneau lui adressa un signe d’approbation amicale.

« Le colonel Bozzo, reprit-il sans tenir compte de la question d’Étienne, s’en va mourant depuis quelques jours. M. le baron Schwartz va perdre en lui un riche client, et, par contre, la comtesse Corona fera un bel héritage.

Je vous parle de lui, parce qu’il lui arriva en ce temps une aventure des plus romanesques. Quoiqu’il eût déjà de l’âge, il menait la vie de jeune homme, et grand train. Il était surtout joueur. Notre jeune premier, Édouard, l’est aussi, saviez-vous cela ? Mais nous y reviendrons.

Bien des gens disaient, cependant, que sa vie de plaisir n’était qu’un masque pour cacher les efforts d’un conspirateur.

La dernière partie du colonel est restée célèbre : il perdit 7000 louis sur un coup de cartes. Assurément, il fallait que sa fortune fût énorme, car il était beau joueur et ne fit jamais attendre le payement d’une dette d’honneur.

On ne lui connaissait pas de patrimoine en France. Il parlait de biens considérables qu’il avait dans l’île de