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Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome II.djvu/96

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Les voisins de M. Bruneau, nous pouvons vous les nommer ; il n’y avait personne pour l’entendre dans sa propre maison, car sa chambre tenait tout un côté du carré ; elle était grande et lui servait de magasin. Mais, dans l’autre maison, celle d’où M. Bruneau sortait, il y avait, au même étage que lui, nos deux jeunes auteurs dramatiques, leur ami Michel tout court que nous ne connaissons pas encore, et l’estropié des messageries du Plat-d’Étain : Trois-Pattes.

Les deux premiers étaient trop loin ; le troisième se trouvait absent, M. Bruneau ne pouvait l’ignorer. Quant à Trois-Pattes, il dormait, selon le propre dire de M. Bruneau. C’était donc à lui-même que M. Bruneau souhaitait ainsi le bonsoir.

Pendant plusieurs minutes, un silence complet régna dans sa chambre. Au bout de ce temps, le lit craqua pour la seconde fois, mais bien doucement, et une oreille très subtile aurait pu saisir le bruit à peine perceptible d’un pied nu qui touchait le carreau avec précaution. Puis ce fut un son de porte roulant sourdement sur ses gonds.

Où, cette porte ? La chambre de M. Bruneau n’avait, en fait de porte, que celle qui donnait sur le carré. L’architecte de la maison vous l’eût affirmé.

Mais, après tout, personne ne pouvait savoir au juste ce qui était ou ce qui n’était pas dans la chambre de M. Bruneau ; car, circonstance étrange, depuis qu’il l’avait louée, nul n’avait eu permission d’en passer le seuil. C’était un locataire tranquille, exact à payer le terme. On tolérait ses manies.

Une minute ou deux après ce bruit de porte, on battit le briquet chez Trois-Pattes. Le père Rabot vous eût dit pourtant qu’il n’avait point vu rentrer l’estropié. Il est vrai que M. Bruneau prétendait avoir fait avec