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Page:Fabre - Chroniques, 1877.djvu/136

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La malle est partie emportant nos numéros. Je me rassieds plus calme :

— Vous me demandiez…

Vous avez la complaisance de répéter votre question et je ne l’entends pas. Un autre abonné vient de faire irruption dans le bureau :

— Monsieur, dit-il, je m’appelle Arthur et vous m’adressez le journal sous le nom d’Ernest. J’aimerais à savoir pourquoi. Est-ce que ce nom d’Arthur vous déplaît ? Préférez-vous celui d’Ernest ?

Une lettre arrive, elle est marquée pressée ; je vous demande pardon et je l’ouvre :

« Cher Monsieur : — Votre journal est charmant, » … Homme excellent ! bienveillant lecteur ! Il me semble sentir à travers la feuille de papier le corps soyeux d’un billet de banque.

« Je l’ai lu avec un vif intérêt et… je le renvoie. Si vous voulez bien l’adresser à mon oncle M. Pierre…, de St… ; il le recevra, si toutefois il n’est pas parti pour les États-Unis. Dans la dernière lettre qu’il m’a écrite, il m’annonçait son prochain départ. »

Nous reprenons le fil de l’entretien et vous parvenez enfin à avoir des nouvelles du journal. Il se porte à merveille et je n’ai qu’à souhaiter que le public soit aussi satisfait de lui qu’il est content du public.

Cependant, je dois avouer que je viens de recevoir une plainte, un vif reproche, et d’une de mes lectrices encore.

— Il n’y a pas assez de décès dans L’Événement, m’a-t-elle dit avec son plus aimable sourire.

— Ce n’est pas ma faute, madame. Veuillez bien songer que je ne puis tuer les gens pour avoir l’avantage de publier des nécrologies.

— Vous avez beau dire, vous avez beau dire, il meurt plus