Aller au contenu

Page:Fabre - Chroniques, 1877.djvu/141

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

représentant d’une localité quelconque et le député de quelqu’un ?

Il faudrait calculer le nombre des représentants d’après le chiffre des naissances, déduction faite des mortalités.

Lorsqu’un candidat vient dire aux électeurs : « Je suis enfant du comté, j’ai été bercé sur vos genoux, je vous ai tiré la barbe quand j’étais tout petit… » c’est qu’il éprouve le besoin de distraire l’attention de son mérite personnel pour la concentrer sur son berceau.

Le seul avantage qu’il y ait à avoir pour député un de ses co-paroissiens, c’est que ses départs et retours de la capitale indiquent le commencement et la fin des sessions. On n’a pas besoin de lire les journaux pour savoir où en est le pays.

Puis, de temps à autre, le député, désirant nourrir sa popularité, fait une distribution de papeterie parlementaire parmi ses électeurs. Il donne des canifs aux petits garçons, du papier rose et des enveloppes de fantaisie aux jeunes filles, et les élections générales suivantes, il est élu par acclamation.

La meilleure raison, que l’on ait donné en faveur des candidats résidents, n’est pas celle inventée par un aspirant aux abois.

Le malheureux voyait son élection lui échapper, et son adversaire, un avocat de la ville, allait être nommé. Il fit un appel suprême à son imagination, et voici ce qu’il trouva :

Si l’avocat était élu, il dépenserait à la ville ce qui lui resterait de ses émoluments de député ; tandis que si c’était lui, le candidat résident, il dépenserait ses économies dans sa paroisse. Ce serait autant d’argent de répandu dans le comté ! Cela contribuerait à faire marcher les affaires d’un chacun, et augmenterait la prospérité générale.

Nonobstant ce raisonnement, il fut battu.