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Page:Fabre - Les Auxiliaires (1890).djvu/175

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SUR LES ANIMAUX UTILES À L’AGRICULTURE

et les crevasses du mortier. Il suffit de l’avoir vu fureter une fois dans un tas de broussailles, aller et venir dans les défilés de la ramée, entrer, sortir, rentrer, sans un instant de repos, pour être convaincu de l’activité de ses recherches.

Jules. — Oui, mais il est si petit qu’il ne doit pas faire beaucoup de travail.

Paul. — Si le troglodyte chassait le gros gibier, certes, au bout de la journée ses captures ne se compteraient pas par douzaines. Que ferait-il d’un hanneton, lui si petit ? De plusieurs jours il ne verrait la fin de sa trop riche victuaille.

Jules. — Et trop dure aussi pour son bec.

Troglodyte.
Troglodyte.

Paul. — Il lui faut les moindres chenilles, les moucherons imperceptibles. Ce sont bouchées plus tendres et mieux en rapport avec son fin gosier. Je n’ai pas besoin de vous rappeler que les ennemis les plus redoutables de nos récoltes sont précisément les plus petits. Un vermisseau de rien met en péril nos céréales ; d’autres aussi menus ravagent les fruits dans leur germe. Que faut-il pour détruire une fleur qui produirait une poire de la grosseur des deux poings ? Une larve, une seule, tout juste visible. Eh bien, le troglodyte s’attaque à ces destructeurs nains, d’autant plus à craindre qu’ils échappent à notre vigilance par leurs dimensions exiguës. Devinez maintenant ce qu’il faut par jour en petites chenilles à un troglodyte pour l’entretien de sa nichée. Des observateurs, dont j’admire la patience, en ont fait le dénombrement.