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Page:Fabre - Les Auxiliaires (1890).djvu/96

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RÉCITS DE L’ONCLE PAUL

dins, les loirs et les lérots, amateurs de fruits ; dans le voisinage de nos maisons, la souris, le rat et même l’horrible surmulot. Voilà le plaidoyer de sa défense. Le chasseur lui reproche quelques lapereaux, broutant en étourdis le serpolet au clair de lune, quelques levrauts dérobés aux honneurs culinaires de la broche ou du civet ; je lui fais moi-même un crime de donner en pâture à ses petits le précieux crapaud, l’utile couleuvre, le lézard mangeur de criquets. Voilà le plaidoyer de l’accusation. Mais la balance faite, les services l’emportent sur les méfaits, et je déclare en mon âme et conscience que le grand-duc mérite bien de l’agriculture.

Jules. — Ainsi jugé à l’unanimité des voix.

Paul. — Le hibou commun ou moyen-duc ressemble beaucoup au grand-duc, mais il est bien plus petit. Il n’est guère plus gros qu’une corneille, tandis que l’autre a la dimension d’une oie. C’est le plus commun des oiseaux de proie nocturnes dans nos pays. La nuit, pendant la belle saison, il ne cesse de répéter d’un ton gémissant et prolongé son cri clou, cloud, qui s’entend de très loin. Lorsqu’il s’envole, il jette une sorte de soupir aigre, provenant sans doute de l’air expulsé des poumons par l’effort des ailes au moment de prendre l’essor. Le jour, en présence de l’homme et des oiseaux, le hibou prend une contenance étonnée et bouffonne. Il fait craquer le bec, il trépigne des pieds, il tourne sa grosse tête d’un mouvement brusque en haut, en bas, de côté. S’il est attaqué par un ennemi trop fort, il se couche sur le dos et menace des griffes et du bec.

Il habite les édifices ruinés, les cavités des rochers, les troncs d’arbres caverneux. Rarement il se donne la peine de construire lui-même un nid ; il préfère restaurer pour son usage le nid abandonné d’une pie ou d’une buse. Il y pond quatre ou cinq œufs blancs et ronds. Je remarquerai, en passant, que les œufs des rapaces nocturnes ne sont pas ovales comme ceux de la poule, mais bien arrondis. Les habitudes de chasse du hibou sont celles du grand-duc : même prédilection pour les rongeurs, mulots, rats, souris et campagnols ; mêmes rapts de jeunes lapins, patiemment guettés aux abords du terrier. Passons outre.

Le hibou à courtes aigrettes ou grande-chevêche rappelle le moyen-duc pour le plumage et les dimensions. Ses deux