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Page:Fantasmagoriana (tome 1).djvu/121

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L’AMOUR MUET.

dèle, elle souhaita que les prières que l’on avoit faites pour lui à l’église n’eussent pas été exaucées, et que son voyage n’eût pas aussi complétement réussi, parce que réduit au plus strict nécessaire, il l’eût partagé avec elle.

Mère Brigitte ne tarda pas à s’apercevoir du chagrin de sa fille ; elle en devina facilement le sujet. Elle avoit appris le retour surprenant de son ancien voisin ; elle savoit qu’il passoit actuellement pour un commerçant actif, intelligent et rangé. Elle connoissoit les sentimens de sa fille pour lui. Elle pensoit que si l’amour de François étoit véritable, il ne devoit pas attendre si long-temps sans le déclarer. Cependant pour ménager la sensibilité de sa fille, elle ne lui en parloit pas. Mais celle-ci ne pouvant plus concentrer en