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Page:Faucher de Saint-Maurice - Promenades dans le golfe Saint-Laurent, 1886.djvu/172

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LES ÎLES DANS

teur Giasson qui s’en était légalement emparé moyennant la somme de cinq louis[1]. On comprend le malaise que pareil régime doit faire peser sur l’archipel ; et quelques-uns des habitants secouant leur torpeur, allèrent jusqu’à contester devant la cour de circuit de la Madeleine la validité des titres de l’amiral Coffin. Les uns plaidaient prescription. D’autres alléguaient l’illégalité des baux et leur tenure onéreuse, contraire à la colonisation et au progrès des îles. Les plus philosophes racontaient, que pendant près d’un siècle leurs aïeux avaient cultivé en pleine propriété ces mêmes terres, que leurs descendants et leurs héritiers légitimes n’occupaient plus que comme simples locataires ; tandis que les plus normands assuraient, qu’on avait dû consulter les ancêtres, et que ces derniers n’avaient jamais consenti de titre à l’amiral Coffin. Toutes ces réclamations ne servirent à rien. La cour décida en faveur du propriétaire ; et comme il arrive presque toujours, les plaideurs qui avaient peut-être une chance en appelant de ce jugement, ne purent, faute de moyens pécuniaires, s’adresser à un tribunal plus élevé. Les choses reprirent donc leur cours.

L’apathie et le découragement régnèrent alors en suzerains sur ces îles, qui n’attendent que l’avènement d’un nouveau régime, pour devenir un grenier d’abondance, un entrepôt de richesse. Les locataires continuèrent à payer les contributions locales et scolaires, pendant que leur

  1. L’imagination n’entre pour rien dans ces récits. Je ne fais qu’analyser, les réponses aux questions posées par le comité chargé de s’enquérir de la tenure des terres dans les îles de la Madeleine — 1874 — Vide p. 26 et 27.