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Page:Faucher de Saint-Maurice - Promenades dans le golfe Saint-Laurent, 1886.djvu/32

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LES ÎLES DANS

Pendant ces pourparlers, un temps précieux se perdait. La frégate le Chester venait de briser son étambot : il fallut le réparer. Plus de seize pieds de la fausse quille du Humber ayant été emportés, on ne put songer à l’abattre en carène, et deux plongeurs furent chargés de l’examiner et de faire rapport. La frégate Sapphire était expédiée à Annapolis avec deux compagnies de miliciens. Sur la demande du gouverneur de la Nouvelle-Angleterre, ces troupes étaient destinées à relever l’infanterie de marine : mais sir Charles Hobby, gouverneur de cette dernière ville, gardait le tout, en homme prudent, et malgré des ordres formels, ne laissait pas échapper cette belle occasion de renforcer sa garnison. Soldats et matelots désertaient par escouade ; et cet amour de la vie au grand air devenait tellement épidémique, qu’un soir, à bord du transport la Reine Anne, six soldats, parmi lesquels le maître canonnier et le maître d’équipage, commandés par le deuxième lieutenant, mettaient une chaloupe à la mer et s’enfuyaient à force de rames. L’assemblée du Massachusetts effrayée des proportions que prenait ce sauve-qui-peut général, avait — il est vrai — promulgué une loi sévère contre les déserteurs, mais le gouverneur Dudley semblait à tout instant vouloir entraver les projets de Walker.

L’amiral essaya alors de la diplomatie. Un jour, le 9 juillet, il transmet à la flotte le signal de déployer les voiles du petit hunier, pour faire croire aux autorités qu’il commençait l’appareillage, et aiguillonner ainsi le patriotisme des Bostonnais. Cette manœuvre les laissa aussi froids que le reste, et à bout de patience, Walker finit par écrire vertement au gouverneur Dudley, et par lui dire que le peuple de la