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Page:Faucher de Saint-Maurice - Promenades dans le golfe Saint-Laurent, 1886.djvu/87

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LE GOLFE SAINT-LAURENT.

IV

L’ÎLE D’ANTICOSTI.


Dès sept heures du matin, le Napoléon III mouillait par le travers de la pointe ouest de l’Anticosti[1] et le vent de terre nous apportait le bruit de la canonnade qui saluait notre arrivée. Les habitations du poste se pavoisaient de drapeaux et de banderoles en signe de réjouissance ; et bientôt nous étions reçus à bras ouverts par le gardien du phare, M. Malouin, qui certes, ne s’attendait pas à la surprise que nous lui ménagions.

Un fort cheval normand attelé à une lourde charrette de roulage, aux roues peintes en rouge, était venu au devant de la chaloupe, et nous attendait avec de l’eau jusqu’au poitrail. La baleinière ne pouvait atterrir, et cet ingénieux genre de locomotion exempta les pieds de nos

  1. Le mot Anticosti est indien et non espagnol [ante en face costa de la côte comme l’ont prétendu certains étymologistes. Thévet appelle cette île Naticousti dans son Grand-Insulaire : Lescarbot Anticosti, et Hakluyt Natiscotee. « Ce dernier mot, remarque l’abbé Laverdière, se rapproche davantage de celui de Natas couel [où l’on prend l’ours] que lui donnent les Montagnais.