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ARCHITECTURE (du grec architektonêo, je bâtis). Art de construire des édifices dans des proportions et selon des règles déterminées.

L’architecture égyptienne est toute de solidité et de régularité toute nue. L’Égypte fut le foyer et la genèse de l’architecture et toutes les architectures, même celle gothique, a dit Boss, sont sorties de l’Égypte. E. Pelletan prétend que c’est une émanation directe de l’Égypte. L’art débute par l’architecture et Balzac écrit que l’architecture est l’expression de la civilisation d’un peuple.

L’architecture comporte des règles. Elle n’est donc pas un art libéral.

Lamennais prétend qu’elle est une poésie, la poésie du monde des corps et des formes inanimés.

Renan dit que les Juifs n’ayant pas d’architecture propre n’ont jamais tenu à donner à leurs édifices un style original.

Montégut déclare qu’elle n’inspire à l’esprit que des idées de grandeur, de noblesse, d’austérité majestueuse.

Sur un terrain restreint, Balzac dit que le miracle de cette fée parisienne appelée l’architecture est de rendre tout grand.

Par extension, l’architecture est le mode de construire, le genre, le caractère distinctif des ornements d’un édifice qui comporte cinq ordres principaux.

Se dit aussi d’un monument, d’un édifice ou d’une de ses parties. Th. Gautier écrit qu’il faut avouer que plus une architecture, une joaillerie, une arme, datent d’une époque reculée, plus le goût en est parfait et le travail exquis.

Par comparaison : structure.

Bossuet écrit : les os sont, dans l’architecture du corps humain, ce que sont les pièces de bois dans un bâtiment de charpente.

C’est un arrangement harmonieux des parties de l’univers :

Je regarde en gros toute la nature
J’en observe l’ordre et l’architecture.

(Régnier Desmarets).

En franc-maçonnerie, un morceau d’architecture est le nom donné aux discours prononcés dans les loges maçonniques.

L’architecture à laquelle on donne parfois le nom d’art monumental se divise en quatre branches principales : L’architecture religieuse, civile, militaire, hydraulique.

L’architecture religieuse a pour objet la construction de tous les édifices destinés au culte : temples, basiliques, églises, chapelles, oratoires, cryptes. À cette classe se rattache l’architecture monastique s’occupant de la construction des établissements destinés à l’habitation des communautés religieuses et les monuments funéraires

L’architecture civile comprend les édifices appropriés aux besoins de la vie politique et privée : palais, châteaux, résidences officielles, tribunaux, théâtres, cirques, prisons, hôpitaux, halles, bains, fondations publiques et monuments purement décoratifs comme les arcs de triomphe. L’architecture civile prend le nom d’architecture domestique lorsqu’elle s’occupe des habitations ordinaires de l’homme et celui d’architecture rurale lorsqu’elle a pour objet la construction de bâtiments destinés aux exploitations agricoles : fermes, granges, etc…

L’architecture militaire embrasse les différentes constructions nécessaires à la défense ou à l’attaque d’un territoire : forteresses, remparts, bastions, redoutes, arsenaux, hangars pour aéroplanes et dirigeables, etc…

L’architecture hydraulique est l’art de conduire et de retenir les eaux et d’élever des constructions dans leur

sein : digues, jetées, ports, canaux, aqueducs, ponts, etc…

L’architecture hydraulique et militaire tendent à disparaître, le génie militaire et les ingénieurs s’étant substitués aux architectes dans la direction des travaux de fortification.

Les constructions navales sont complètement distinctes de l’architecture proprement dite et le terme d’ « architecture navale » est tout à fait désuet.

L’architecture a pour but, comme tous les beaux arts, d’exprimer matériellement l’idée du beau. Elle crée elle-même les formes par lesquelles elle traduit cette idée. Elle les combine et les développe suivant les proportions et les règles que le goût seul détermine. Par la conséquence, elle demande plus d’imagination que les autres arts pour imprimer à ses productions un caractère dont elle ne trouve d’autre exemple dans la nature que l’ordre, l’intelligence et l’harmonie qui y règnent, tandis que la peinture et la sculpture y puisent les modèles qu’elles représentent et l’expression des sentiments dont elles animent leurs sujets.

L’architecture est un art de création. Si elle était appelée à devenir un art d’imitation, sa destruction serait fatale.

L’architecture grecque à laquelle on donne comme type primordial la cabane de bois est sans contredit l’architecture la plus complète, la mieux raisonnée et la mieux réglée. Elle est devenue classique et ses productions sont devenues des chefs-d’œuvre de goût.

Il n’y a de monument parfait que celui qui possède à la fois la beauté, la commodité et la solidité.

Pour réaliser la beauté, la composition architectonique doit avoir égard à l’ornementation, à la symétrie, à l’harmonie ou eurythmie et à la convenance.

L’ornementation donne aux matériaux employés à la construction les formes les plus agréables. Les éléments de l’ornementation sont les ordres (colonnes et entablements), les pilastres, les arcades, les frontons, les sculptures et les peintures décoratives.

La symétrie résulte de l’exacte proportion des parties entre elles et des parties avec le tout.

L’Harmonie ou eurythmie est constituée par l’accord des parties correspondantes. Elle exige que l’unité la plus complète règne dans la construction, que tous les détails et ornements se rapportent à l’ensemble, ce qui ne doit pas exclure la variété à laquelle l’architecture emprunte la plus grande partie de ses agréments en prenant garde que cette variété ne dégénère en confusion.

La convenance consiste à donner à l’édifice l’ornementation et les proportions les plus convenables à sa destination, car il importe qu’un monument éveille tout d’abord par son aspect des idées analogues à son emploi, comme il est nécessaire sous le rapport de la commodité qu’il y ait convenance entre la construction d’un édifice et sa destination. Ne pas construire un temple comme un théâtre, une cathédrale comme une église de village, une gare comme une salle de bal.

Le tact seul peut donc guider l’architecte, car il est à peu près impossible de tracer des règles générales pour tous les détails de l’aménagement intérieur.

Sans la solidité, la beauté et la commodité seraient sans valeur et il est indispensable que l’architecte ait une profonde connaissance des forces ; il lui faut savoir calculer la pression des masses dont les unes agissent verticalement, d’autres perpendiculairement et obliquement.

En ce qui concerne ces dernières, il est à constater que les travaux auxquels se livrent les architectes de la République soviétiste, dans la construction des monuments en cours d’édification, palais de la paix et autres, la structure et la superstructure sont d’une ori-