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Page:Fendrich - Les Sports de la neige, 1912.djvu/49

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HISTOIRE DU SKI

Pour les Lapons de la Norvège montagneuse, le ski est le vaisseau qui les conduit, aussi bien quand il s’agit de garder leurs troupeaux que quand il faut chasser les ours et les loups qui menacent leurs rennes. On ne peut pas plus se les représenter sans leurs skis que les Esquimaux du Groenland sans leur cajak, il n’est donc pas étonnant que dans les chansons de geste, les récits, la mythologie et les proverbes de ces pays, ils jouent un rôle important.

Combien répandu a dû être le ski, pour que dans un ancien texte de loi norvégien, parvenu jusqu’en Islande, il soit dit que le proscrit doit être chassé aussi loin « que le Lapon s’éloigne sur ses skis » ! Dans les vieilles chansons héroïques du Xe siècle, on trouve souvent la jolie comparaison du glissement du bateau sur la mer avec la descente légère du ski. L’un des anciens Skaldes, Guthorn Sindre, appelle, avec une poétique audace, le vaisseau : « svanevangens ski » (le ski de la mer). Le ski était cher aux Norvégiens et les chansons populaires du XVIe siècle permettent de s’en rendre compte.

Mais là où le ski n’était pas précisément une nécessité de l’existence, on constate des fluctuations dans son histoire car le fait qu’une invention est utile ne suffit pas pour y attacher l’homme d’une façon durable.

On peut aussi appliquer au ski le vieux mot de Ben Akbas « que tout a déjà existé », et il est peu probable qu’au XXIe siècle le ski se pratique encore exactement comme aujourd’hui.

Que les incrédules écoutent l’histoire des skieurs de la Carniole, dans la deuxième moitié du VIIe siècle. Ils avaient fait une « invention remarquable », ainsi que le rapporte l’historien Valvassor qui écrivit, à Laibach en 789, sur son pays, un in-folio en parchemin. Il s’agit des skis que les paysans des montagnes neigeuses de l’Autriche employaient sans doute de façon très habile. Bien qu’ils descendissent simplement les pentes avec un fort « bâton sous l’épaule » sur « deux petites planchettes épaisses d’un quart de pouce, large d’un demi-pied et longues d’environ cinq pieds, ils connaissaient cependant déjà très bien l’art des

virages et ce qu’on appelle en norvégien « slalom ». En effet, « il n’y

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