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Page:Fendrich - Les Sports de la neige, 1912.djvu/50

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LE SKI

avait pour eux aucune montagne trop raide ou trop plantée de gros arbres qu’ils ne pussent traverser par ces moyens ; ils tournaient et ils viraient comme des serpents quand quelque obstacle les gênait dans leur trajet. La route était-elle libre, ils descendaient tout droit devant eux… » C’est ainsi que s’exprime Richard Valvassor dans son ouvrage sur La gloire du grand duché de Carniole. Telle est la première trace du ski dans l’Europe centrale. Elle fut complètement effacée dans le duché lui-même jusqu’à ce que le professeur Frischauf eût remis au jour l’ancien texte.

Les écrivains de l’Europe méridionale n’ignoraient nullement, dans les premiers siècles de notre ère, que les Scandinaves allaient à ski. Le Grec Procope et le Goth Jordan savaient déjà que les Normands donnaient à leurs voisins les Finlandais et les Lapons le surnom de « Skridfinnen » (Skrida veut dire glisser).

Déjà au XVIe siècle le ski était utilisé comme sport et non seulement comme moyen de transport. Olaus Magnus le prouve, en 1555, dans son ouvrage sur les peuples du Nord. Il y signale, en effet, dans un latin très confus, que des concours de skis furent organisés et que « des femmes aussi agiles que les hommes allèrent à la chasse par ce moyen ».

Le sport norvégien du ski des temps modernes ne date cependant que d’environ quarante ans. Les citadins, en particulier ceux de la grande ville de Christiania, furent d’abord conquis au ski sportif lorsque les affaires, les exigences de la civilisation leur firent sentir la nécessité des exercices corporels. Les débuts furent là-bas, en 1870, à peu près aussi singuliers que dans la Forêt-Noire, dans le Mont des Géants ou dans le Harz. Ce fut seulement en 1879, lorsqu’un fils des paysans de Telemark, un jeune cordonnier, passa d’un saut vigoureux et élégant le tremplin du Iver Slökken, près de Christiania, que commença l’ère nationale du ski norvégien. « Ainsi qu’un météore, il tomba au milieu de la foule ébahie qui se tenait là comme ensorcelée… » « Les habitants de Telemark furent invités et vinrent aux courses de Christiania, les hourras montèrent aux cieux, l’air en trembla et les vieux arbres qui entourent le Husby Hugel en tressaillirent. »

Ainsi écrit Huitfeld, qui était au nombre des spectateurs.

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