Aller au contenu

Page:Ferdinand Genissieu - En prenant le thé (1868).pdf/116

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

98
En prenant le thé

— Allons, monsieur le doyen, reprit-elle en s’adressant à mon oncle, il faut continuer.

— Diable de cigare ! répondait l’oncle, je suis tout drôle… tu peux le finir, Catherine, si le cœur t’en dit.

— Hé ! hé ! ça ne serait peut-être pas de refus.

En disant cela, la vieille servante prenait le cigare encore allumé.

— C’est-y, vrai, si mauvais que tout ça ?

— Goûtez-y, lui répondis-je.

— Ça sent si bon, reprit-elle avec une véritable grimace de gourmet en humant la fumée, ça sent si bon….

Elle le mit dans sa bouche, juste au milieu, ses deux grosses lèvres avancées en avant et arrondies. On eût dit qu’elle suçait un immense sucre de pommes.

— Ça fait un drôle d’effet, comme ça, dans la bouche, pas vrai, monsieur le doyen ?

— Oui, oui. Diable de cigare, murmura mon oncle d’une voix éteinte, — et du doigt il montrait la porte.

Je portai à l’entrée de la cour un fauteuil et j’y conduisis mon pauvre oncle.