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En prenant le thé.

la mémoire peut parfois suppléer à l’imagination.

— C’est bien sur elle seule que je compte.

— Puisque tu es décidé à être complaisant, reprit à cet instant mon petit cousin, — je vous laisse ensemble, j’ai là une lettre pressée à mettre à la poste ; — causez chiffons, c’est un salutaire exercice pour l’esprit et le cœur, c’est comme cela qu’on se forme.

Et tout en riant il prit son chapeau et sortit.

Ce n’était pas la première fois assurément que je me trouvais seul avec ma cousine ; aussi je ne sais à quoi attribuer l’impression singulière que me causa tout d’abord ce tête-à-tête improvisé.

Je restais là, la main sur le papier, les yeux fixés sur le crayon, n’osant les lever ni parler.

— Allons, reprit-elle au bout d’un instant, travaillez, c’est pour moi, — je ne serai pas ingrate.

— Mais…

— Si vous m’aimez seulement un peu…, ajouta-t-elle en insistant.

En deux coups de crayon, ma mémoire aidant, je lui dessinai une guirlande de robe assez origi-