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Page:Ferdinand Genissieu - En prenant le thé (1868).pdf/225

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Sur l'oreiller.

— Maintenant, — tu sais, — c’est toute une nouvelle vie qu’il faut recommencer, nous ne pourrons plus, comme avant, ne consulter que nos goûts à nous deux. — La petite Jeanne aura voix au conseil. — Nous ne pourrons plus, le soir venu, sortir bras dessus, bras dessous et par tous les temps, à la recherche d’une fantaisie aux vitrines des magasins. Te souviens-tu lorsque nous courions pour sa pétite layette, et quel plaisir nous avions à mettre notre poing dans un petit bonnet pour figurer cette mignonne figure-là…

Un petit cri prolongé de l’enfant interrompit ces chères divagations, et la vieille bonne garde, de son pas lourd et faisant chut de ses lèvres, vint prendre le bébé dans ses bras.

— Prenez garde, vous allez la laisser tomber ! — Allez doucement, que diable ! criait Henri en la voyant manier sa fille. — Et se tournant vers moi :

— Il ne faut pas croire que je ne l’aime pas pour cela, notre petite chérie, mais je n’oserais pas la toucher…

La garde, qui avait entendu cela, s’approcha doucement, et pendant qu’il me parlait, plaça le bébé sur le bras d’Henri.