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Page:Ferdinand Genissieu - En prenant le thé (1868).pdf/230

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En prenant le thé.

L’enfant, de ses pas mal assurés, courait, en poussant de petits cris aigus, vers chaque feuille qui rasait le sol, et c’était, à chaque nouvelle feuille tombée, des hésitations et des exclamations de bonheur.

Ses petites mains, rougies par l’air vif, se tendaient en avant pendant qu’il courait, et de temps en temps, tout à son plaisir, il venait se jeter dans nos jambes.

La mère, assise près de mon fauteuil, suivait des yeux les mouvements du chéri, prête à s’élancer à la moindre alarme.

À chaque geste mignon de son fils, à chaque exclamation joyeuse, elle tournait vers moi son visage rayonnant, et ses grands yeux tout souriants semblaient me dire :

— N’est-ce pas, grand-père, que j’ai le droit d’être fière de votre petit-fils ?

Que de bonheur dans ce muet regard !

Après quelques instants passés ainsi :

— Ne sens-tu pas trop de fraîcheur, bon père ? me demanda-t-elle en se penchant vers moi ; veux-tu rentrer ? L’enfant jouera tout aussi bien au salon, va… il ne faut pas rester pour lui.