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Page:Ferdinand Genissieu - En prenant le thé (1868).pdf/28

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En prenant le thé

gard me riait et sa bouche, encore contractée par un mouvement nerveux, me montrait de temps en temps son frais sourire et ses dents blanches.

J’eus un remords de ma brutalité et en l’embrassant, je la regardai :

— C’est jour de grande fête, c’est vrai, lui dis-je, et tu t’es faite belle pour moi.

Bébé avait mis sa plus belle robe, ses nœuds d’épaules et sa ceinture bleue. Ses longs cheveux bouclés étaient retenus par un ruban de même couleur ; en la regardant ainsi parée, je fus fier de ma fille.

— … Je t’attendais derrière la porte avec mon bouquet, et…

La pauvre petite disait cela tout bas, de crainte de se remettre à pleurer en entendant le son de sa petite voix chevrottante ; cependant, elle ne put achever, et ses yeux se remplirent de larmes.

Je lui mis dans les cheveux un bon gros baiser, et je crois bien, Dieu me pardonne… c’est absurde pour une vieille moustache comme moi, mais c’est pourtant vrai, — j’avais aussi les yeux humides.

C’était ma fête et je l’avais oublié ; que de choses j’avais à me faire pardonner !