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Page:Ferdinand Genissieu - En prenant le thé (1868).pdf/29

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Un gros chagrin.

La chérie m’attendait depuis une heure ; elle avait été, dans la journée, courant à la main de sa mère, chercher le bouquet de violettes qu’elle m’avait offert, elle l’avait payé de sa petite bourse, et c’était autant de retard apporté, elle le savait, à l’achat de sa poupée Huré.

Puis elle s’était faite belle pour me recevoir, avait guetté mon arrivée, épié mes mouvements dans le vestibule et avait retenu son souffle, au moment où j’ouvrais la porte, pour me surprendre davantage.

Je voyais tout son petit manége, toutes ses petites joies et je voyais sa tristesse maintenant et sa déception.

Je l’avais repoussée sans prendre garde à toutes ses mines joyeuses !

Pauvre mignonne !

J’essuyai de mes lèvres ses yeux mouillés et, l’asseyant de mon mieux sur mes genoux, je tirai de ma cervelle une histoire inédite et je la lui contai.

Nous entendions, dans la chambre voisine, la bonne qui préparait la table et apportait la soupière.

Le dîner fut gai, et je n’oserais jurer de ne m’être pas levé une fois ou deux, sous un prétexte quelconque, pour embrasser au front mes deux chéries.