Page:Ferrero – La ruine de la civilisation antique.djvu/216

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
210
LA RUINE

Augustin avait reçu de la nature tous les dons nécessaires pour devenir un grand écrivain : l’imagination, le sentiment, le style, la langue, l’esprit synthétique et philosophique. La force de la dialectique était en lui égale à la puissance des images ; l’élan de la fantaisie et du sentiment à la profondeur de la pensée. Et il était devenu un de ces professeurs officiels de littérature, que depuis Dioclétien l’Empire payait et honorait pour qu’ils conservassent vivante la tradition de la littérature ancienne. Pour une fois, l’enseignement officiel avait mis la main sur un vrai génie… Mais l’homme de génie nous a laissé la description inoubliable de l’existence misérable qu’il mena en faisant son métier de professeur à Carthage, à Rome, à Milan ; l’inquiet mécontentement qui le rongeait en ce temps ; la furieuse agitation de son grand talent dans le vide de cette culture désormais épuisée et schématisée dans le cadre conventionnel d’un enseigne-