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Page:Ferrero – La ruine de la civilisation antique.djvu/217

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DE LA CIVILISATION ANTIQUE

ment officiel. Quand un jour, dans un village près de Milan, la lumière se fit dans cette grande âme, dégoûtée par le vil métier auquel une civilisation mourante voulait le condamner. Le professeur de littérature abandonna la chaire, jeta les vieux livres morts, descendit comme un hardi scaphandrier dans la mer, dans les abîmes théologiques de la grâce, de la prédestination, du libre arbitre, pour jeter là-bas les bases du grand pont sur lequel l’Europe devait faire le long et difficile passage de la civilisation ancienne à la moderne.

L’œuvre de Constantin en somme ne fut pas un échec, mais un demi-insuccès, qui contribua à éviter pour le moment la catastrophe, en prolongeant l’agonie. Après lui, l’Empire vit encore, mais dans des secousses continuelles et s’affaiblissant toujours davantage. La pauvreté augmente ; l’État se désorganise en même temps qu’il se fait plus violent, oppressif et rapace ; le fiscalisme impé-