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Page:Fertiault - Le Carillon du collier, 1867.djvu/15

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« Comme une blanche fleur fleurissait ma jeunesse.
Ma mère s’y mirait, m’inspirant sa vertu.
Qui fera maintenant qu’à ces jours je renaisse ?
Tu me les as flétris… Oh ! maudite sois-tu !… »

Dans l’air monte une plainte,
Âme du Médaillon.
Le métal tinte, tinte
Un triste carillon.

Et la sombre Hétaïre, entendant l’anathème,
Sent une plaque chaude à son cou s’imprimer…
Patience ! une voix va reprendre le thème :
— « Sois maudite, ô noir gouffre où je vins m’abîmer !

Féconde, autour de moi, ruisselait l’opulence ;
Je pouvais relever plus d’un front abattu…
Vains trésors ! Étouffant ma jeune vigilance,
Tu les as dévorés… Oh ! maudite sois-tu !… »


Dans l’air gronde une plainte,
Âme du Médaillon.
Le métal tinte, tinte
Un brutal carillon.

Au cou second soufflet ardent, seconde empreinte.
À ce rude contact la Sirène gémit.
Une troisième voix reprend l’âpre complainte :
— « Sois maudite, ô vampire où mon cœur s’endormit !

J’avais chez moi l’amour et les intimes joies,
Un soleil comme nul plus beau n’en avait eu…
Ivre, j’ai mis le pied dans tes fangeuses voies ;
Tu m’as pris mon bonheur… Oh ! maudite sois-tu !… »