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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/108

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qui contient seulement 45 parties de nitro-glycérine et 53 parties de coke et de sable pulvérisés ; — la dynamite blanche : 75 parties de nitro-glycérine et 25 parties de terre siliceuse.

Dans les usines Nobel on procède comme il suit pour fabriquer la dynamite.

Afin d’enlever l’eau et les matières organiques renfermées dans la terre d’infusoires, on commence par griller cette terre ; on la broie et on la passe au tamis. L’ouvrier place ensuite dans un baquet en bois 3 kilogrammes de nitro-glycérine et un kilogramme de terre d’infusoires. Il mélange le tout, et pétrit soigneusement la masse. L’opération est sans danger. La dynamite est ensuite découpée en cartouches.

Ce qui fait l’importance des fabriques de dynamite, c’est qu’on s’y livre à toutes les opérations préliminaires de la fabrication de la nitro-glycérine, opérations que nous avons décrites dans le chapitre précédent, et qui sont extrêmement compliquées.

Nous n’avons pas besoin de dire que toutes les fabriques de dynamite sont établies dans des lieux inhabités, à grande distance de tout centre de population. À Isleten, l’une des plus importantes usines de M. Nobel, la nitro-glycérine se prépare au fond d’un ravin, comme le représente, d’après une photographie, la figure 99.

À Avigliana, l’atelier où se fabrique la nitro-glycérine est entouré d’un épaulement circulaire en terre, pour amortir les effets de l’explosion qui viendrait à se produire.

La figure 100 donne une vue générale, d’après une photographie, de l’usine d’Avigliana. On voit à droite l’atelier où se fabrique la nitro-glycérine, qui est entouré d’un bourrelet de terre et enfoncé dans le sol, à une certaine profondeur. À gauche sont les ateliers où l’on se livre au broyage et au tamisage du sable, ainsi qu’à la préparation de l’acide azotique.

Dans les poudreries françaises, on fabrique beaucoup de dynamite pour l’armée, et l’on a adopté, pour cette fabrication, la méthode de MM. Foucher et Boutmy, ingénieurs des poudres et salpêtres, méthode qui a l’avantage de faire disparaître presque toutes les causes d’explosion accidentelle.

MM. Foucher et Boutmy préparent la nitro-glycérine en traitant 10 kilogrammes de glycérine par 32 kilogrammes d’acide sulfurique. Ils obtiennent ainsi un composé sulfo-glycérique, qu’ils traitent ensuite par un mélange de 28 kilogrammes d’acide azotique et de 28 kilogrammes d’acide sulfurique. Dans ces conditions, la combinaison de la glycérine et de l’acide azotique, au lieu de s’effectuer brusquement, avec une subite élévation de la température et un fort dégagement de chaleur, ne s’effectue que lentement. On débarrasse ensuite la nitro-glycérine de l’excès d’acide qu’elle a entraîné, en la traitant par une dissolution de bicarbonate de soude, et on la filtre, à travers des éponges, pour retenir l’eau.

Quant à la randanite, qui mélangée à la nitro-glycérine constitue la dynamite, on la dessèche dans un four à réverbère, où elle demeure pendant 5 à 6 heures, exposée à l’action d’un feu violent, ce qui la rend chimiquement pure.

Pour donner une idée de l’installation d’une fabrique de dynamite nous mettrons sous les yeux du lecteur, d’après une photographie (fig. 102, page 109), une vue pittoresque de la fabrique d’Ablon (près Honfleur ) appartenant à la Société centrale de dynamite, qui a son siège à Paris, et compte dix usines en activité.

Ces usines sont situées : à Paulilles, près Port-Vendres (Pyrénées-Orientales) ; à Ablon, près Honfleur (Calvados) ; à La Rachée, près Saint-Chéron (Seine-et-Oise) ; à Avigliana, près Turin (Italie) ; à Cengio, près Savone (Italie) ; à Galdacano, près Bilbao (Espagne) ; à Trafaria, près Lisbonne (Por-