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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/154

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lorsqu’on demanda à M. Brunet de Saint-Florent de le dégager, en brisant le trépan en plusieurs fragments. L’opération présentait des difficultés spéciales, à cause de la grande profondeur du puits, mais elle réussit parfaitement. Le premier coup de dynamite brisa le trépan en 2 points, et le deuxième coup détermina la rupture en un point plus éloigné. Les morceaux furent retirés et le sondage fut repris.

Depuis, deux autres opérations semblables, l’une au sondage de Réty, près Hardinghen, l’autre près de Narbonne, ont été couronnées de succès, et sans ces heureux résultats les sommes considérables dépensées auparavant auraient été complètement perdues.

La dynamite a rendu de précieux services aux vaillants navigateurs qui se dévouent à la recherche de passages du pôle nord. Jadis, bien des navires étaient bloqués par les glaces des mers septentrionales, et l’on a publié bien des récits des terribles souffrances qu’ont endurées de courageux marins, prisonniers dans les glaces. L’histoire tragique des matelots de la Jeannette, par exemple, est encore présente à la mémoire de tous. Aujourd’hui, les hardis explorateurs des régions polaires ne manquent pas d’emporter une ample provision de dynamite. Si leur salut est compromis, ou simplement pour continuer leur route, ils se frayent un passage de vive force, à coups de dynamite, à travers les glaces accumulées.

Pour briser les glaces, on se contente de creuser un trou, dans lequel on place une charge de dynamite, de 3 kilogrammes, contenue dans une boîte en bois. Sur une nappe de glace de 0m,45 à 0m,50 de hauteur, une explosion de dynamite a pratiqué une ouverture de 2m,70 de long, sur 0m,60 de large, dans toute la profondeur de la couche solide.

Des cartouches de 40 à 50 grammes suffisent pour briser une glace de 0m,25 à 0m,30 d’épaisseur.

Pour empêcher la dynamite de geler par le contact de la glace, on entoure la boîte de sciure de bois.

Pour faire sauter des pieux ou des pilotis placés au fond d’une rivière, la dynamite est très avantageuse. Si les pilotis sont émergents, on creuse un trou dans le sens de leur axe, et on les détruit à la hauteur désirée.

Si, au contraire, les pilotis sont au fond de la rivière, on descend les charges à la profondeur voulue, au moyen d’une tige en bois, en ayant soin de maintenir les charges contre l’obstacle à détruire.

L’emploi de la dynamite peut rendre de grands services dans la culture de la terre ; mais les travaux ne peuvent être rémunérateurs qu’à condition de se faire avec un explosif peu coûteux. En Autriche, où ce genre d’emploi a pris le plus de développement, on se sert de dynamite ne coûtant que 2 francs, ou même 1 fr. 80 le kilogramme. En France, ces travaux sont à peu près impossibles, à cause des impôts excessifs dont sont frappées, uniformément, toutes les dynamites, impôts qui pèsent surtout sur celles de peu de valeur. Nous donnerons, néanmoins, un aperçu des circonstances dans lesquelles on peut tirer parti de ces explosifs, tant au point de vue de l’exportation que dans l’espoir que le régime de l’impôt sur cette matière en France sera profondément modifié.

Le sautage des troncs d’arbre par la dynamite est très avantageux dans les grands défrichements, surtout dans les pays où la main-d’œuvre est rare et chère. Ce mode d’exploitation a pour résultat d’écarter et de détruire les insectes nuisibles.

L’espèce de dynamite à employer dans ce cas est le no 2.