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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/155

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Les trous sont faits avec une tarière de 0m,028 ; on leur donne à peu près, comme profondeur, le diamètre de l’arbre. Cette profondeur doit être le triple de la charge. Tout l’espace vide au-dessus de la charge est rempli par un bourrage de terre et de mousse.

Pour des troncs de dimension moyenne, on donne à la charge autant de grammes qu’il y a de centimètres au diamètre. Pour des troncs très forts et noueux, on dépasse cette proportion. Pour des troncs de très grande dimension, on fore deux ou trois trous, à la distance de 0m,30. Il suffit d’amorcer une seule charge ; les autres partent par la commotion.

Il faut soigneusement essarter les troncs que l’on veut faire sauter, en coupant les racines latérales.

Les trous de mine doivent toujours être dirigés dans le pivot de la racine ou dans les racines les plus résistantes.

Les mêmes procédés peuvent être employés avantageusement pour l’arrachage des souches, et la mise en culture des terrains occupés antérieurement par des forêts. On les a employés au Brésil, sur une grande échelle.

Fig. 127. — Destruction des racines d’arbres par la dynamite.

Dans ce cas le moyen le plus économique c’est de couper, à la hache, les petites racines, puis de pratiquer à la mèche un trou de mine central A, suivant l’axe du tronc, comme l’indique la figure ci-dessus.

Un défoncement de terre au moyen de la dynamite a donné de bons résultats dans le terrain schistique du Roussillon. On emploie une forte barre en acier, munie d’un tourne-à-gauche, fixé à la partie supérieure. On frappe, avec une masse, sur la tête du ringard, pendant qu’on tourne au fur et à mesure qu’il enfonce.

On pousse le forage à une profondeur de 0m,80 à 0m,90. On charge chaque trou avec 150 grammes de dynamite no 3. Après l’explosion la surface défoncée est de 3 à 4 mètres carrés.

Deux ouvriers employés à ce travail font quinze trous de mine à l’heure. Ils arrivent quelquefois à en creuser trente-cinq en deux heures. Les trous sont espacés de 2 mètres en 2 mètres.

En appliquant cette méthode aux vignes, on est arrivé, à ce qu’il paraît, à faire disparaître le phylloxéra.

C’est ce qui a été constaté en Autriche, où des agents de M. Nobel étaient occupés à défoncer, à l’aide de la mine, le sol, à une certaine profondeur, de l’ameublir en un mot, afin de donner aux racines l’air et l’humidité dont elles ont besoin. Ils percèrent, dans ce but, des trous, d’environ 1 mètre, disposés de façon à ne pas détériorer les plants environnants ; ils purent constater, après l’explosion, que le résultat attendu était complètement atteint. Le sol, en effet, remué jusqu’à une profondeur de 1m,50, s’était parfaitement ameubli. Mais une conséquence à laquelle ils étaient loin de s’attendre, c’est que partout où l’expérience avait été faite, le phylloxéra disparut.

Ajoutons que les agriculteurs italiens utilisent la dynamite sur une vaste échelle, pour le défoncement de l’agro romano. Avec la dynamite sans impôt et à bas prix, les agriculteurs français pourraient suppléer en partie à la pénurie de main-d’œuvre dont ils se plaignent tant.