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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/190

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litique de M. de Bismark. Il faut donc nous tenir prêts contre une attaque du côté des Alpes. Nos frontières du nord, du nord-est et de l’est sont défendues par nos armées et par nos forts, et le rempart des Alpes nous protège contre l’ingrate Italie ; mais il importe de fermer les débouchés de cette énorme chaîne de montagnes. C’est dans ce but que douze bataillons de chasseurs à pied sont cantonnés entre Grenoble et Nice, et que chacun des bataillons alpins est pourvu d’une batterie de montagne.

Bataillons et batteries, fantassins et canonniers, ont accompli, dans les Alpes, de véritables tours de force. Ils ont franchi le col de la Béranda, et bien d’autres passages, réputés dangereux. Tous les officiers de ces batteries et de ces bataillons sont membres du club alpin français ; ils guident leurs troupes, avec autant de sang-froid que d’adresse, à travers les glaciers et les neiges, sur les pentes escarpées de l’un et de l’autre versant. Aux bersagliers italiens, la France opposerait donc ses bataillons alpins. Dieu veuille que cette lutte fratricide nous soit épargnée !

Chaque batterie de montagne compte une forge, qui est transportée à dos de mulet, comme les pièces et l’affût. La forge proprement dite et le soufflet sont enfermés dans une caisse, qui pèse 44 kilogrammes. Une autre caisse, qui pèse 43 kilogrammes, contient la bigorne et son bloc, le seau et les outils du maréchal ferrant.

Au total, chaque batterie d’artillerie de montagne comprend 6 canons de 80 millimètres, 60 caisses à munitions, 1 forge, 2 caisses d’outils, 6 caisses d’approvisionnement, 1 caisse aux instruments et 7 caisses de transport. 57 mulets suffisent au transport de tout ce matériel. En outre, chaque batterie est escortée par une section de munitions d’artillerie, comptant 1 canon et 3 affûts de rechange, 60 caisses à munitions, 1 forge et 6 caisses transportées par 41 mulets, enfin, par une section de munitions d’infanterie comptant 33 caisses à munitions d’infanterie et 3 caisses à munitions de revolver, plus une forge et trois caisses, portées par 21 mulets.

Les Anglais, dans l’armée des Indes, emploient les éléphants pour transporter leurs pièces d’artillerie. Un seul de ces énormes animaux pourrait porter une demi-douzaine de nos canons de 80. Aussi les artilleurs anglais juchent-ils sur le dos de leurs éléphants des pièces de bien plus gros calibre.


CHAPITRE V

l’artillerie de siège. — rôle de l’artillerie pendant le siège d’une place. — description des canons de 120 et de 155, et des mortiers rayés. — les parcs de siège. — le parc de siège de l’armée allemande.

Quel est le but que poursuit l’artillerie de siège ? Le colonel Plessix, qui a été professeur du cours d’artillerie à l’École de Saint-Cyr, le définit en ces termes, dans son ouvrage :

« Combattre et réduire au silence la puissante artillerie de la place assiégée, qui comprend généralement des pièces du plus fort calibre ; rendre inhabitables les terre-pleins de la fortification ; disloquer les abris qui y sont établis ; ruiner toutes les défenses de la place ; ouvrir, de loin si cela est possible, les remparts à l’armée assiégeante, en détruisant les escarpes de la fortification et en renversant les parapets dans le fossé, de manière à former des rampes praticables aux colonnes d’assaut[1]. »

On ne saurait être plus précis ; pourtant quelque nombreuses que soient, d’après le colonel Plessix, les obligations de l’artillerie de siège, il en est une qu’il a négligée,

  1. Cours spécial pour les sous-officiers, 1 vol. in-8o, chez Baudoin.