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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/191

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Fig. 159. — Canon de siège de 155 millimètres, du colonel de Bange.


et nous nous garderons bien de lui en faire un reproche. L’artillerie de siège peut être appelée à bombarder la ville. Ce mot de bombardement éveille sans doute de cruels souvenirs, et ce n’est pas nous qui inviterons nos artilleurs à faire subir jamais, aux villes qu’ils assiégeront, le traitement qui fut infligé par l’artillerie allemande aux habitants de Strasbourg, de Phalsbourg, de Belfort, de Toul, de Longwy et de Paris. Il ne faut pas perdre de vue, pourtant, que le premier devoir du général en chef consiste à ménager le sang de ses soldats, et que tout est préférable à un assaut. Puis, dans la guerre future, les villes elles-mêmes, entourées de forts situés à des distances qui varient entre sept et douze kilomètres, ne seront que très rarement atteintes par les obus. Il est bien évident, au contraire, que les forts seront bombardés à outrance. Il ne manque même pas d’adversaires de la fortification qui ont appliqué aux forts détachés entourant Paris l’épithète, peu flatteuse, de « nids à bombes ».

Les considérations humanitaires n’ont rien à voir dans l’espèce ; un fort est un ouvrage défendu par des soldats, attaqué par d’autres, et tous les moyens sont bons pour le détruire, y compris la dynamite et la mélinite. Nous ne sommes plus au xviiie siècle ; à mesure que la civilisation se développe, la guerre apparaît avec des raffinements plus cruels, et se fait plus féroce. Où est l’époque où nos chevaleresques aïeux criaient à leurs ennemis : « Messieurs les Anglais, tirez les premiers ! » Les Prussiens ont changé cela : aujourd’hui, c’est à qui tirera le premier et de plus loin !