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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/199

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menter ; mais il serait au moins oiseux d’en fabriquer davantage.

Nous terminerons ce chapitre par quelques mots sur les parcs de siège.

Il est nécessaire, si l’on ne veut pas être pris au dépourvu, d’organiser, en temps de paix, des parcs de siège, c’est-à-dire de vastes agglomérations de canons de siège, avec toutes leurs munitions, leurs pièces de rechange, leurs artifices et leurs accessoires de toute nature. Aucun renseignement officiel n’a encore été publié concernant les parcs de siège français ; nous nous garderons donc de commettre à ce sujet la moindre indiscrétion. Mais nous possédons des renseignements très précis sur les parcs de siège de l’armée allemande.

Il en existe deux, l’un à Posen, l’autre à Coblentz, aux deux frontières de l’empire. Chacun de ces parcs ce compose de :

40 canons de 90 ; — 120 canons de 120 ; — 120 canons de 150 ; — 40 canons courts de 150 ; — 40 mortiers rayés de 210 en bronze ; — 40 mortiers lisses de 150 ; — 150 fusils de rempart.

Soit, au total, 400 pièces et 150 fusils de rempart. L’approvisionnement de ces parcs de siège est très considérable. Veut-on en avoir une idée ? Prenons les chiffres officiels des rapports du grand État-major allemand.

Au siège de Paris, depuis le 22 décembre 1870 jusqu’au 26 janvier 1871, l’artillerie de siège allemande consomma 110 286 projectiles et gargousses, et devant Strasbourg, pendant le bombardement de cette ville, les Allemands tirèrent 117 575 obus, 3 883 obus de rupture, 20 589 obus à balles, 60 027 bombes, 60 113 balles de fusils de rempart et 131 935 balles de fusils Mauser.

De pareils chiffres donnent le vertige, comme le disait le général Farre, et l’on se demande comment les armées de siège assureront, dans l’avenir, leur ravitaillement en munitions. Il est vrai que notre matériel de siège, comme nous aurons l’occasion de le rappeler au chapitre suivant, nous servirait aussi, le cas échéant, comme matériel de place, et que notre principal souci doit être de nous défendre contre toute agression. À ce point de vue, nous pouvons reposer tranquilles : notre armement défensif est complet. Si nous dépensons des centaines de millions, tous les ans, pour perfectionner notre outillage militaire, les idées de justice et de droit ont pourtant fait quelques progrès chez les nations européennes, et toute guerre purement offensive, préméditée, dirigée contre nous, déterminée seulement par des pensées de rapine et de conquête, paraîtrait odieuse à l’Europe entière, au monde civilisé, peut-être même aux sauvages !


CHAPITRE VI

l’artillerie de forteresse et de côtes. — description du matériel d’artillerie d’une place forte. — emploi des canons à tir rapide, pour la défense des places.

Nous entreprendrions une nomenclature fastidieuse, si nous voulions décrire en détail le matériel de l’artillerie française, qui est destiné à la défense de nos forteresses et places. On en comprendra très facilement la raison. L’artillerie de campagne ne peut employer que des canons d’un modèle uniforme, puisque les batteries accompagnant les corps d’armée se meuvent au loin, souvent en pays étranger, toujours à grande distance des arsenaux. Il est donc indispensable que les sections d’artillerie portent le ravitaillement, en munitions, de ces batteries, et chacune de ces sections peut être envoyée vers chacune de ces batteries. D’où l’absolue nécessité d’avoir, pour les guerres de campagne, un seul type de canons, et un seul type de