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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/218

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Fig. 188. — Le pont démontable du Var : les travaux sur la rive droite.

La continuation de ces succès, les investissements des grandes places et toutes les opérations d’une guerre d’invasion, dépendent essentiellement de la facilité des communications existantes, et de la puissance des moyens matériels dont dispose l’envahisseur pour franchir les obstacles, pour rétablir et conserver les passages de rivière, les viaducs détruits, les tunnels effondrés, etc.

« Toute armée, dit le général Pierron, dans son ouvrage sur la Stratégie et la grande tactique, doit, avant toute chose, maintenir et protéger sa ligne de ravitaillement, et posséder, dans ce but, un corps spécial de constructeurs, chargés de tous les travaux de réparation. »

Le lieutenant-colonel Henry s’est proposé de résoudre le problème de la réparation improvisée des ponts militaires par la main-d’œuvre exclusivement militaire, en partant de principes tout différents de ceux admis jusqu’alors, et que l’on peut résumer comme il suit.

1er Principe. — Ramener tout ouvrage d’art quelconque à n’être plus qu’une combinaison simple et méthodique d’un nombre variable d’éléments constitutifs en acier laminé, très rigides, portatifs et interchangeables, réduits à un très petit nombre de modèles-types. Ces éléments sont assemblés par de simples boulons ou par des axes d’articulation peu nombreux, de manière à former dans le sens de la longueur, de la largeur et de la hauteur de l’ouvrage, une série indéfinie de mailles triangulaires, identiques, qui sont rigoureusement indéformables, attendu que chaque pièce rectiligne est calculée pour résister aux efforts maximum de traction ou de compression passant par les axes d’assemblage.

2e Principe. — Les détails ont été étudiés et combinés de manière que tout le travail technique d’ajustage, qui entraîne des lenteurs et des difficultés, soit entièrement réalisé d’avance, à l’usine, en temps de paix, avec toute la perfection possible. Il résulte de cette disposition, qu’en temps de guerre, les officiers du génie pourvus d’un matériel tout prêt n’ont plus à se préoccuper que du transport et de l’assemblage ra-