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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/234

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Fig. 199. — Tourelle Bussière, à contre-poids accumulateur.


constituant une charge de 68 000 kilogrammes et reposant sur un piston différentiel dont la tige mesure 0m,26 de diamètre. La partie inférieure de celle-ci se trouve encastrée dans un socle scellé lui-même dans la maçonnerie.

« La tige du piston de l’accumulateur — qui est creuse — met en communication l’intérieur du cylindre avec celui de la presse de soulèvement de la tourelle. Un second conduit, également enfermé dans la tige de ce piston, se relie avec un appareil de manœuvre à soupapes, appareil qui permet d’établir, à volonté, la communication entre ce conduit et le premier, ou de le mettre à l’évacuation. Il suit de là que le poids de la partie mobile de l’accumulateur est reporté : tantôt, sur toute la surface du piston de 0m,30 de diamètre ; tantôt, sur la surface réduite de la tige de 0m,26. La pression de l’eau qui s’y trouve contenue varie ainsi de 96 à 128 kilogrammes par centimètre carré. Les efforts correspondants, exercés sur le piston de la presse de soulèvement de la tourelle, sont respectivement de 160 000 ou de 213 000 kilogrammes à l’état statique.

« Dans le premier cas, si la tourelle est en batterie, son poids l’emporte sur celui de l’accumulateur et, nécessairement, elle s’éclipse ; au second cas, la tourelle éclipsée monte en batterie sous l’action prépondérante de l’accumulateur. La commande de ces manœuvres se fait d’un poste situé au niveau du plancher d’approvisionnement ; et ce, au moyen de volants à manettes.

« Tel est, rapidement esquissé, l’organe essentiellement original de la tourelle Bussière, organe dont le jeu permet d’obtenir l’éclipse quasi instantanée d’une masse métallique considérable. La hauteur d’éclipse ou course de la tourelle de la position de repos à la position de combat, et réciproquement, est de 0m,80. Le soulèvement et la mise en batterie ne demandent ensemble qu’un intervalle de temps de sept secondes ; l’éclipse n’en exige que cinq. En ajoutant à la somme de ces nombres un chiffre de deux secondes représentant le temps de l’ordre, on obtient le total de quatorze secondes pour l’apparition de la muraille métallique, pour le tir des pièces qu’elle abrite et, enfin, pour son éclipse. Les embrasures — partie faible de la tourelle — se trouvent éclipsées quatre secondes après le coup tiré.

« Ces chiffres ont leur éloquence.

« Le mouvement de rotation de la tourelle s’obtient à bras, à la vapeur, ou à l’aide d’appareils hydrauliques. Il ne s’exécute, d’ailleurs, que durant les éclipses, car le pointage se fait à l’abri des coups de l’artillerie ennemie. »

Tel est le dernier mot de la fortification actuelle, qui assure aux places les meilleures garanties de défense. Il est probable, toutefois, que l’art de défendre une place forte trouvera dans l’avenir de moins en moins l’occasion de s’exercer. C’est en rase cam-