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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/302

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du moteur des bâtiments de guerre, c’est-à-dire des machines et des chaudières à vapeur en usage pour imprimer la vitesse nécessaire à ces énormes masses.

Machines. — Dans le premier volume de ce Supplément (Bateaux à vapeur)[1] nous avons décrit et figuré les machines à vapeur et les chaudières actuellement employées par notre marine marchande, celles surtout que l’on admire à bord de nos immenses paquebots transatlantiques. Les machines des bâtiments militaires n’en diffèrent que par les dimensions des pièces du mécanisme et par le nombre des machines que l’on réunit sur le même bâtiment.

Nous avons donné, dans le Supplément aux bateaux à vapeur[1], les plans et les coupes des machines à vapeur du Destaing, du Forfait et du Bayard. Nous compléterons ces renseignements en donnant ici (fig. 253) le dessin des machines du Formidable, Ce grand cuirassé d’escadre est sorti des usines du Creusot, où tant d’améliorations ont été apportées aux machines à vapeur, pour donner aux navires de notre flotte de guerre toutes les conditions de force et de vitesse dont ils doivent être pourvus.

Si nous choisissons le Formidable pour faire comprendre les dispositions actuellement adoptées pour l’emploi de la vapeur comme force motrice des bâtiments de guerre, ce n’est pas au point de vue de sa puissance motrice (qui est de 8 500 chevaux nominalement et qui atteint 9 687 chevaux en marche forcée), puisque en ce moment on construit en Angleterre, pour des cuirassés monstres, du port de 14 000 tonneaux, des machines à vapeur d’une force de 20 000 chevaux. Si nous décrivons particulièrement les machines de ce cuirassé d’escadre, c’est parce qu’elles représentent pour nous un des types les mieux étudiés, à tous égards, des machines marines de toutes les nations.

Le Formidable a deux hélices de 5m,700 de diamètre, et à quatre ailes. Chacune de ces hélices est indépendante, de telle sorte qu’en cas d’avaries produites par déroute ou combat, le navire conserve toujours le moyen de marcher. Il y a donc deux groupes de chaudières et deux groupes de machines. Nous décrirons successivement les chaudières et les machines motrices.

1o Les chaudières, au nombre de 12, comportent chacune deux cent cinquante-six tubes, de 0m,07 de diamètre. Chaque corps de chaudière mesure 3 mètres de longueur, 3m,470 de largeur et 4m,290 de hauteur. Elles sont à foyers intérieurs et à retour de flamme, c’est-à-dire toutes semblables à celles que nous avons figurées dans notre Supplément aux bateaux à vapeur[2]. L’ensemble de tous les foyers donne une surface de grilles de 78 mètres carrés, et la surface totale de chauffe est de 1 980 mètres carrés produisant un volume de 108 mètres cubes de vapeur. Le poids total des chaudières complètes avec les boîtes à fumée et les cheminées est de 384 800 kilogrammes.

2o Chaque machine à vapeur, du système compound, est à trois cylindres, le plus petit (1m,570 de diamètre) est placé au milieu, c’est le cylindre d’admission de vapeur ; les deux autres, plus grands (2m,020 de diamètre), sont les cylindres de détente. La vapeur sortant de ces deux cylindres se rend aux condenseurs, qui sont placés derrière chacun d’eux, et qui ne sont pas visibles sur notre dessin. Le petit cylindre met directement en action la pompe à air, qui est placée derrière lui, entre les deux condenseurs.

Les machines sont verticales, à pilon, et à bielles directes. La distribution de va-

  1. a et b Tome Ier, pages 129-135.
  2. Tome Ier, pages 156-162.