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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/378

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rendre aux lieux désignés par l’amiral commandant l’escadre.

Il faut que la mobilisation d’une flotte militaire soit aussi prompte que la mobilisation des armées de terre.

On a d’autant plus raison d’en agir ainsi, que nos appareils à vapeur, nos chaudières, nos servo-moteurs, notre artillerie de marine et nos fusils, sont d’un mécanisme fort compliqué, et que le meilleur moyen de ne pas être exposé à des déceptions cruelles, c’est de tenir toujours ce matériel en état. À cette condition seule, il ne se dérangera pas, et pourra fonctionner au moment opportun.

C’est en raison de cette double nécessité que, dans nos arsenaux et ports militaires de Toulon, Cherbourg, Brest et Lorient, on garde, sur les cuirassés et les torpilleurs, le matériel complet, avec un équipage de matelots, réduit sans doute, mais suffisant pour l’entretien des coques, des chaudières, des tiroirs de machines à vapeur, des cuirasses, etc. Le bâtiment qui rentre, après un service de transport, ou après des manœuvres, n’est pas désarmé, comme autrefois : il est mis en réserve.

Comme l’Allemagne, l’Angleterre s’est imposé de lourds sacrifices, pour augmenter l’effectif de sa flotte militaire. Ce n’est pas, comme ont essayé de le faire croire quelques publicistes d’outre-Rhin, que l’Angleterre nourrisse le projet de prendre part à la guerre future dont on nous menace sans cesse, et dont l’échéance paraît être heureusement fort éloignée ; mais l’Angleterre possède un si grand nombre de colonies qu’elle est obligée de les défendre toutes, et de plus, comme le disait si justement un écrivain anglais, sir Samuel Baker, le véritable danger qui menace la Grande-Bretagne, en cas de guerre européenne, ce n’est pas une invasion, c’est plutôt la famine.

Le même écrivain ajoutait :

« Nous sommes si bien habitués à voir arriver ponctuellement dans nos ports tout ce qui nous est indispensable pour vivre et pour travailler, que l’idée ne nous vient même pas que les choses puissent aller différemment ; et pourtant, il n’est pas douteux qu’aux premiers bruits de guerre imminente avec une grande puissance maritime, le prix du pain doublerait d’emblée dans toute l’Angleterre, et que l’on assisterait à une panique industrielle comme on n’en a pas vu souvent. »

En d’autres termes, la marine anglaise doit posséder un nombre suffisant de croiseurs pour assurer la protection des convois de toute sa marine marchande. C’est pour cela que, depuis 1887, l’Angleterre a fait construire quarante-huit vaisseaux, d’un tonnage total de 164 000 tonneaux.

En somme, la flotte militaire anglaise comprend aujourd’hui :

42 cuirassés d’escadre ;

12 croiseurs cuirassés ;

18 garde-côtes cuirassés ;

58 croiseurs non cuirassés ;

10 croiseurs torpilleurs ;

23 croiseurs auxiliaires (steamers aménagés ) ;

2 avisos ;

27 corvettes non cuirassées ;

97 canonnières et chaloupes canonnières ;

13 canonnières torpilleurs ;

161 torpilleurs ;

13 transports.

Parmi les vaisseaux cuirassés, le Colosse, le Collingwood et le Trafalgar, méritent une mention spéciale.

Le Collingwood est un cuirassé d’escadre à tourelles-barbette. Sa coque est en acier, à double fond, avec cloisonnement transversal et longitudinal ; le réduit central, surmonté d’un blockhaus, est rectangulaire. La cuirasse, qui s’étend sur une longueur de 45 mètres, se relie à des cloisons transversales cuirassées, pour former le réduit