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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/406

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et peu combustible à l’air, en raison de son énorme cohésion.

Cependant, quelque faible que soit la combustibilité à l’air des charbons de cornue de gaz, ces charbons s’usent forcément, par la combustion ; de là, la nécessité de les rapprocher, pour maintenir constante la longueur de l’arc éclairant.

Le maintien de l’égalité de longueur de l’arc voltaïque, s’obtient par deux moyens très différents :

1° Par des régulateurs mécaniques ;

2° Par la disposition spéciale supprimant tout régulateur mécanique, c’est-à-dire par la bougie Jablochkoff.

Régulateurs de l’arc électrique. — L’arc électrique résultant de l’étincelle électrique jaillissant entre deux conducteurs de charbon, au sein de l’air, est en usage aujourd’hui dans un grand nombre de villes des deux mondes, tant pour l’éclairage des rues et places publiques, que pour celui des ateliers et des manufactures. L’avantage de ce système, c’est de produire une lumière très intense, avec une faible dépense d’électricité. Son inconvénient c’est que le mécanisme régulateur est sujet à des dérangements, quand il n’est pas fondé sur des principes de physique rigoureux, et construit par d’habiles fabricants.

Une perte d’électricité très sensible se constate si l’on compare l’intensité du courant produit par les machines dynamo-électriques et son intensité quand il est parvenu aux bornes de la lampe. Cette perte est de 30 pour 100 environ : mais il faut, à ce que l’on assure, l’accepter, car il est reconnu que sans la perte résultant de la résistance métallique intercalée entre la machine productrice d’électricité et les charbons éclairants, la lumière serait désagréable, irrégulière, et sujette à de fréquentes extinctions.

Nous avons décrit, dans les Merveilles de la science, le régulateur Serrin, le meilleur des appareils de ce genre. Mais il a un inconvénient, c’est qu’il ne peut être placé qu’isolément dans le circuit, c’est-à-dire qu’il ne peut servir à alimenter qu’une seule série de lampes : il est monophote, comme disent les électriciens qui aiment à parler grec.

Les régulateurs polyphotes, c’est-à-dire pouvant être disposés en série, sur des conducteurs de faible section, par de multiples dérivations d’un même courant, sont aujourd’hui très nombreux. Ce serait une tâche aussi fastidieuse qu’inutile que de faire connaître ici les centaines de régulateurs mécaniques, ou électro-mécaniques, qui sont en usage dans les deux mondes. Forcé de faire un choix, nous nous bornerons à signaler les appareils les plus en vogue. Ce sont les régulateurs Gramme, et Cance pour la France ; le régulateur Siemens, pour l’Allemagne ; et le régulateur Thomson-Houston, pour l’Amérique.

Il importe, avons-nous dit, que les régulateurs puissent s’installer sur un même circuit voltaïque, de manière que les lampes puissent fonctionner indépendamment les unes des autres. Les lampes dites différentielles, résolvent cette difficulté.

Les lampes différentielles les plus connues sont celle de Gramme et celle de M. Siemens, de Berlin.

Dans la lampe différentielle, c’est un électro-aimant qui, comme dans les régulateurs Foucault et Serrin, fait descendre le charbon supérieur. Seulement, cet électro-aimant n’est pas placé, comme dans les lampes Foucault et Serrin, sur le courant principal. C’est une dérivation de ce courant qui anime l’électro-aimant. De cette manière, lorsque l’arc électrique s’allonge, la dérivation de l’électro-aimant devient plus forte ; l’électro-aimant entre en action, et rapproche les charbons. Ce n’est donc plus, comme dans la lampe Serrin, l’intensité du courant total qui règle la marche des