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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/428

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construit, pour les navires, la machine à lumière électrique dont il est question plus haut, et qui ne dépasse pas la vitesse de 300 tours.

La machine à vapeur rotative, c’est-à-dire supprimant toute transmission de mouvement, et agissant directement sur l’arbre moteur, était tout indiquée pour intervenir dans le cas qui vient d’être mentionné. On a adopté la machine rotative attelée à une dynamo, sur quelques paquebots. La dépense de vapeur est considérable, mais le navire, disposant d’une quantité de vapeur énorme, peut subvenir sans inconvénient à ce gaspillage.

Ce sont là, toutefois, des cas exceptionnels. L’habitude générale, pour les installations d’électricité, c’est l’usage des machines à vapeur demi-fixes, telles que les construisent, à Paris, MM. Wehyer et Richemond, Boulet et autres.

Moteur à gaz. — Le moteur à gaz offre de tels avantages, par sa facilité d’installation, que bien des magasins, dans les grandes villes, font usage de ce moteur, commode, sinon économique. Dans certains cas, d’ailleurs, c’est le seul agent de force auquel on puisse avoir recours, en raison de l’exiguïté de la place dont on dispose, et de l’impossibilité de faire usage d’une machine à vapeur.

Par l’instantanéité de son action, par la dépense strictement limitée à l’effet produit et l’avantage qui lui est propre de ne travailler qu’au moment nécessaire, le moteur à gaz offre quelquefois autant d’économie, bien calculée, qu’une machine à vapeur.

Il est toutefois une condition essentielle, quand on a recours au moteur à gaz, c’est d’employer un moteur à deux cylindres, et de placer un volant sur la dynamo. Sans cette précaution, la marche est irrégulière, et il se produit, dans l’éclairage, des variations d’éclat, extrêmement désagréables.

Air comprimé. — L’air comprimé constitue une force mécanique d’un emploi extrêmement commode, dans la pratique, si une canalisation convenable en permet la distribution irréprochable. C’est ce qu’a réalisé, à Paris, depuis plusieurs années, l’ingénieur autrichien, M. Victor Popp, à qui l’on doit la remarquable découverte de la distribution de l’heure aux cadrans des horloges des villes, au moyen de l’air comprimé.

M. Victor Popp a créé à Paris, à Ménilmontant (rue Saint-Fargeau), une vaste usine, dont la surface couverte est de plus de 2 000 mètres carrés, et qui occupe une superficie totale de 15 000 mètres carrés. Elle possède sept machines à vapeur, de la force de quatre cents chevaux chacune, et deux machines de cent chevaux, formant un total de trois mille chevaux de force, et pouvant prendre dans l’atmosphère, chaque jour, 93 000 mètres cubes d’air, pour les distribuer à Paris, avec six kilogrammes de pression. La consommation du charbon est de 50 000 kilogrammes par jour.

Ce producteur de force a l’avantage de rendre inutile toute installation de machine à vapeur ou de moteur à gaz, chez les particuliers, ou dans les établissements publics, installation qui n’est pas toujours possible, vu les craintes que propriétaires et locataires éprouvent du voisinage d’une machine à vapeur ou d’un moteur à gaz, et les procès qui s’ensuivent. Aussi M. Victor Popp a-t-il rendu un grand service à beaucoup de marchands et boutiquiers de Paris, ainsi qu’à divers théâtres, en leur distribuant, par sa canalisation, la force motrice nécessaire pour produire leur éclairage. Le prix, plus élevé, de cet agent moteur est largement compensé par ses avantages pratiques.

La canalisation d’air comprimé créée par M. Victor Popp, est utilisée, à Paris, sur toutes les voies qu’elle traverse. Sans parler de l’éclairage des boulevards, dans la section