Aller au contenu

Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/487

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

consacrer une partie de la puissance de ce moteur naturel, à actionner des machines dynamos, destinées à l’éclairage. Aussi est-ce dans les usines, manufactures et ateliers, que l’on vit se réaliser les premières applications économiques de la lumière électrique. Cet éclairage permet de continuer le travail la nuit ; ce qui est souvent un réel avantage, pour les ateliers. Ajoutez que les risques d’incendie sont totalement écartés, et que l’air conserve son oxygène, dans son intégrité.

L’éclairage par incandescence permet de disséminer de petites lampes dans les ateliers peu spacieux. Les lampes à arc à régulateur différentiel et les bougies Jabiochkoff, conviennent pour les grands espaces, les halls des manufactures, les chantiers de construction, les gares de chemins de fer, etc.

Dans certains ateliers, comme les meuneries et les greniers à céréales, l’atmosphère est chargée de poussières ; et dans d’autres, comme les fabriques de papiers, il contient des vapeurs délétères. Les régulateurs seraient donc vite hors d’état de fonctionner. Les bougies Jabiochkoff trouvent là leur place ; car on ne s’inquiète pas de la variation d’intensité lumineuse.

Les lampes à incandescence, quand elles sont employées, sont d’une puissance un peu élevée : de 16 à 20 bougies.

Dans beaucoup d’usines, on se sert d’une partie du courant électrique destiné à l’éclairage, pour actionner des transmissions de mouvements et manœuvrer des machines-outils.

Il serait complètement inutile de donner ici des exemples d’installation d’éclairage électrique dans les usines. C’est par milliers qu’on les compte aujourd’hui, et bientôt il n’existera pas une seule usine ou manufacture mue par la vapeur ou par une chute d’eau, qui ne soit pourvue d’un matériel pour la lumière électrique, et même pour la transmission de la puissance du moteur à la manœuvre des machines-outils, à la ventilation, etc.

Éclairage des mines, des travaux souterrains et sous-marins. — Lorsque M. de Changy inventa sa lampe électrique ayant pour conducteur un fil de platine, sa première idée, en sa qualité d’ingénieur des mines, fut d’appliquer ce mode d’éclairage aux galeries des houillères. En effet, l’éclairage électrique paraît, dans ce cas, tout indiqué. Sans doute, la lampe du mineur, ou lampe de Davy, — bien entendu, avec les perfectionnements que lui ont apportés, de nos jours, Combes et tant d’autres ingénieurs, — a sauvé des milliers d’existences de mineurs, en les préservant de l’inflammation du grisou (gaz hydrogène bicarboné). Et pourtant, que d’accidents n’arrivent pas encore, par suite de l’imprudence et de l’insouciance des ouvriers, qui, malgré toutes les recommandations et menaces comminatoires qui leur sont faites, ouvrent leur lampe, pour voir plus clair, ou pour allumer leur pipe, et mettent ainsi le feu au terrible gaz ? La catastrophe arrivée à Saint-Etienne, le 29 juillet 1890, au puits Pellissier (concession de Villebœuf) où 118 ouvriers perdirent la vie, par l’inflammation du grisou, est encore présente à la mémoire de tous. La lampe électrique, enfermée dans une ampoule de verre, sans communication avec l’air des galeries, et qui éclaire sans chauffer l’air, semble toute désignée pour remplacer la lampe de Davy.

Aussi les lampes à incandescence ont-elles été installées dans quelques houillères, par exemple, dans celles de Blanzy (Loire) et de Rochebelle. Elles sont appliquées aux murs des galeries, des puits, des fronts de taille, des carrefours, des bureaux d’ingénieurs ou de chefs de chantiers. La machine productrice du courant électrique, est placée hors de la mine, et le fil conducteur descend au fond de la fosse, parfaitement isolé par un câble de plomb,