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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/488

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enveloppé d’un ruban de caoutchouc.

Nous avons sous les yeux un rapport de l’ingénieur en chef des mines de Blanzy, en date du mois de mai 1890, donnant les résultats de l’installation de l’éclairage électrique dans ces mines.

Ce mode d’éclairage a été appliqué, pour la première fois, au puits de Magny, en juin 1883 ; il n’a pas cessé, depuis cette époque, de fonctionner dans de bonnes conditions.

L’installation se compose d’une petite machine à vapeur, placée au jour, d’une machine dynamo-électrique Edison, d’un câble conducteur métallique, qui, partant de la dynamo, donne la lumière à 29 lampes à incandescence, d’une intensité de 10 bougies, et à 24 lampes, de 10 bougies, les unes et les autres servant à l’éclairage des recettes extérieures, des salles des machines et chaudières, des abords du puits, des bureaux des ingénieurs, etc.

Sur le conducteur principal s’embranche un câble, qui descend dans le puits, jusqu’à la profondeur de 321 mètres, et qui sert à l’éclairage des recettes extérieures, à ce niveau, au moyen de 8 lampes à incandescence, de 16 bougies chacune. Les abords des puits sont ainsi parfaitement éclairés, jusqu’à une distance d’une soixantaine de mètres, et l’arrachage du charbon se fait avec la même sécurité qu’au jour. Tout accident résultant de fausses manœuvres ou des chutes du personnel, est, de cette manière, rendu impossible. L’ouvrier va et vient, sans être obligé de s’éclairer avec sa propre lampe. Les manœuvres se font avec la plus grande sécurité et plus rapidement.

La réussite de l’éclairage du puits de Magny, à 321 mètres de profondeur, a déterminé l’installation du même éclairage au fond des puits Chagot et Saint-François, dans lesquels le mouvement est plus considérable, par suite de la profondeur de 334 mètres, où se fait l’extraction pour le premier puits, et de 240 mètres, pour le second, chacune des recettes étant, pour le sortage, de 1 200 chariots environ.

Ce mode d’éclairage a été trouvé, dans ces deux derniers puits, parfait, non seulement au point d’arrachage du charbon, mais sur d’assez longs parcours, dans les galeries d’accès.

« En résumé, dit le rapport de l’ingénieur en chef, l’éclairage électrique des mines de Blanzy pour les recettes et voies du fond, est très précieux pour la sécurité du personnel aux abords du puits, et la promptitude des manœuvres.

« Le câble qui descend dans les puits, est d’une composition spéciale, pour lui donner une grande résistance, et le soustraire aux chocs extérieurs qui pourraient le détériorer. »

Un accident très grave à redouter serait, en effet, l’écrasement du câble conducteur par un de ces éboulements de minerai ou de boisages, qui sont si fréquents dans les travaux d’extraction du charbon. Dans ce cas, les fils contenus dans le câble, se trouvant en contact, par le fait de cette rupture, le courant s’établirait entre eux ; toutes les lampes s’éteindraient, et, ce qui est plus grave, les fils conducteurs donnant passage à ce courant accidentel, pourraient s’échauffer, rougir et mettre le feu au grisou, s’il existait dans l’air des galeries.

Au lieu d’un câble conducteur distribuant la lumière à des lampes fixées aux parois de la mine, comme à Blanzy, on a souvent proposé de donner au mineur une lampe électrique alimentée, soit par une pile au bichromate de potasse (lampe Trouvé), soit par un petit accumulateur (lampe Stella). Mais une lampe électrique portative expose à un grand danger. Si elle se brise, elle peut, dit-on, enflammer le grisou. Sans doute, quand la clochette de verre d’une lampe électrique vient à se rompre par accident, le filament de charbon brûle à l’air, disparaît, et le courant électrique étant interrompu, la lampe s’éteint. Mais selon