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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/524

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Tous les carburateurs de pétrole dont nous venons de parler, se trouvaient rassemblés dans les galeries de l’Exposition universelle de 1889. La même exposition renfermait plusieurs autres types de carburateurs, tels que : celui de M. Jaunez (gaz soleil), qui produit la volatilisation de la gazoline par échauffement ; — celui de M, Monier (néo-gaz), où l’aspiration de l’air se fait au moyen d’un courant d’eau sans pression, ou d’un courant de vapeur ; — celui de M. Piépla, le plus ancien en date ; — celui de M. Quittet (gaz des villages) — enfin l’appareil Méneveau, assez recherché pour sa forme élégante et le peu de place qu’il occupe.

L’éclairage au pétrole serait le plus économique de tous, si, en certains pays, particulièrement en France, ce liquide n’était pas grevé de droits de douane et d’octroi excessifs, qui atteignent quelquefois jusqu’à 300 pour 100 de sa valeur. Si ces droits étaient supprimés, le pétrole se vendrait, à Paris, 20 centimes le litre.

Le pétrole est à vil prix en Amérique et en Russie. En Belgique, il vaut à peine 45 centimes le litre. L’abaissement des droits, en France, assurerait à nos populations le bienfait d’un éclairage brillant et à bon marché.

Disons, pour terminer ce sujet que deux industries auxquelles se rattachent les intérêts les plus considérables, sont, en ce moment, en lutte ouverte. Le gaz et l’électricité se trouvent en présence, le premier se flattant de demeurer en possession d’un privilège dont il jouit depuis un demi-siècle ; le second, se parant de la brillante auréole du progrès scientifique. On se demandait qui l’emporterait, dans cet homérique combat scientifique et industriel, et si l’électricité parviendrait à remplacer le gaz dans nos demeures, sur les places publiques, dans les ateliers, dans les théâtres. Au plus fort de cette lutte, un troisième champion, le pétrole, est entré, dans la lice. Ce nouveau produit naturel n’a pas, comme l’électricité, l’appui d’une énorme quantité de recherches et de travaux, dus aux physiciens des deux mondes. Il est modeste et de basse origine ; il sort d’un trou de la terre, et ses amis, ses défenseurs, ses clients, humbles, comme lui, sont le travailleur et le pauvre. Mais il a en sa faveur, l’apanage essentiel, l’avantage fondamental : le bon marché. Le pétrole est beaucoup moins cher que le gaz, moins cher que l’électricité, et si les droits énormes qu’il supporte, en France, étaient supprimés, il nous donnerait la lumière avec une économie fabuleuse. Quant aux dangers qu’on reprochait autrefois à son emploi dans l’éclairage, le perfectionnement de sa rectification dans les raffineries, d’une part, et, d’autre part, les appareils irréprochables dont nous ont doté les lampistes allemands, anglais, américains, et français, ont dissipé toute crainte, et assuré à l’usage universel de ce liquide une sécurité complète.

En résumé, depuis la publication de notre Notice sur l’Art de l’éclairage, dans les Merveilles de la science, cet art, d’une utilité fondamentale dans les sociétés, a fait des progrès considérables. Il a été dans quelques-unes de ses branches le théâtre d’une véritable révolution. C’est ce que nous sommes heureux d’avoir signalé dans ce Supplément.

fin du supplément à l’art de l’éclairage.