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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/534

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sent redoutables, à un triple point de vue :

1° Parce que le coke et le charbon de terre qui les alimentent, dégagent une énorme proportion d’oxyde de carbone, comme on peut en juger par l’ampleur des flammes bleuâtres aux forges des ateliers, même lorsque la combustion est suractivée par l’insufflation ;

2° En raison de l’extrême lenteur de la combustion, lenteur qui a pour conséquence, inévitable, avec de tels combustibles, de porter à son maximum la production de l’oxyde de carbone ;

3° Ils le sont, enfin, à cause de l’insuffisance du tirage, due à ce que la colonne d’air et de gaz échappés du poêle, n’est pas ou ne se maintient pas assez échauffée, en se déversant dans une cheminée ample et à parois froides, pour s’élever au dehors.

« Sur ces poêles, dit M. Colin (d’Alfort), on pourrait faire graver l’étiquette : toxique, comme on le fait sur les flacons des officines contenant des substances vénéneuses. »

De son côté, le Dr Léon Colin fit ressortir les dangers de laisser un poêle mobile dans une chambre à coucher, ou dans une pièce adjacente.

Les dangers de l’entraînement du gaz oxyde de carbone, tiennent souvent aux deux causes suivantes :

1° Imperfection de nos demeures, comme en tant de maisons où des fissures accidentelles font communiquer les différents tuyaux de fumée ; sans parler de celles où un noyau unique dessert les cheminées des appartements superposés. Ce dernier type d’insalubrité tend à disparaître de Paris, où, depuis 1875, il est interdit de l’appliquer aux maisons nouvelles ; mais aujourd’hui encore, au dire de M. Bunel, architecte de la préfecture, on le retrouverait peut-être dans plus de 2 500 maisons. Ce n’est qu’en cas d’incendie survenu en ces maisons, qu’il est obligatoirement remplacé par le système de tuyaux séparés. Les habitants des vieux quartiers de Paris sont donc particulièrement en droit de se demander, si pareil défaut n’impose pas à toute la population de l’immeuble une redoutable solidarité, en cas d’introduction d’un poêle mobile dans un appartement.

2° La négligence ou l’ignorance des personnes auxquelles est confié le soin de l’appareil : négligence et ignorance atteignant parfois des proportions étonnantes, comme chez ce malheureux, asphyxié, 50, rue Château-Landon, qui s’était couché et endormi sans fermer son poêle Choubersky, dont le couvercle se trouva sur une table voisine. (Rapport de M. Michel Lévy).

Ces considérations, témoignant d’inconvénients étrangers à la construction même des appareils, exonèrent jusqu’à un certain point, dit le Dr Léon Colin, l’industrie des poêles mobiles ; mais si, de ce fait, on doit renoncer à supprimer ou à réglementer cette industrie, et écarter également toute proposition d’enquête domiciliaire chez les particuliers, il n’en est plus de même sur le terrain de la médecine publique. Là, l’Académie est dans son rôle, en signalant au gouvernement les collectivités qu’il a le droit et la mission de protéger. Elle peut, par exemple, à l’occasion, appuyer son veto sur la quatrième conclusion de l’Instruction du Conseil de salubrité de la Seine : « L’emploi de ces appareils est dangereux, est-il dit dans cette Instruction, dans toutes les pièces où des personnes se tiennent en permanence et dont la ventilation n’est pas largement assurée par des orifices constamment et directement ouverts à l’air libre. »

Cet article signifie : interdiction de ces appareils dans toutes les pièces occupées par des réunions d’individus soumis au bénéfice d’une surveillance sanitaire. On peut en prendre texte, s’il est nécessaire, pour réclamer l’interdiction ou la suppression des poêles mobiles dans les casernes, les hôpi-