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Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/535

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taux, les écoles militaires, absolument comme on devrait en prendre texte pour les exclure, en vertu d’un droit analogue de surveillance, des ministères, des ateliers, des lycées, des écoles, et surtout de certaines écoles privées, où, paraît-il, le poêle économique aurait fait son apparition. Si, en pareilles conditions, c’est-à-dire durant des réunions de jour, on court moins de risques d’asphyxie que pendant la nuit, on subit, en revanche, tous les dangers de l’intoxication chronique.

C’est ici qu’il ne faut même pas compter, autant qu’on le fait, sur les orifices d’aération qui, on peut en être sûr, s’ils sont accessibles, seront soigneusement obstrués par les personnes placées au voisinage de ces orifices, absolument comme, dans nos casernes, le soldat s’évertue à clore hermétiquement les ouvertures de ventilation qu’on a pu laisser à sa portée.

Comptera-t-on davantage, pour enlever alors tout danger à l’appareil, sur la suppression de la clef régulatrice, sur le fonctionnement constant du poêle en grande marche ? Il est à craindre, dit le Dr Colin, que le jour où la petite marche sera supprimée, le fabricant ne nous fournisse des poêles à tirage, invariable, il est vrai, mais, par économie pour l’acquéreur, ce tirage sera invariablement réduit à celui d’une ouverture aussi étroite peut-être que celle du plus faible tirage d’aujourd’hui.

M. Léon Colin crut devoir rappeler, à propos de cette discussion, l’existence d’une Instruction, selon lui fort complète, qui avait été rédigée en 1880, par le Conseil de salubrité de la Seine, Instruction dont voici les termes.

Il a lieu de proscrire formellement l’emploi des appareils et poêles économiques à faible tirage, dits poêles mobiles, dans les chambres à coucher et les pièces adjacentes. L’emploi de ces appareils est dangereux dans toutes les pièces dans lesquelles des personnes se tiennent d’une façon permanente et dont la ventilation n’est pas assurée par des orifices constamment et directement ouverts à l’air libre. Dans tous les cas, le tirage doit être convenablement garanti par des tuyaux ou cheminées d’une section utile et d’une hauteur suffisante, convenablement étanches, ne présentant aucune fissure ou communication avec les appartements contigus, et débouchant au-dessus des fenêtres voisines.

Il est inutile que ces cheminées ou tuyaux soient munis d’appareils sensibles indiquant que le tirage s’effectue dans le sens normal.

Les orifices de chargement doivent être clos d’une façon hermétique, et il est nécessaire de ventiler largement le local, chaque fois qu’il vient d’être procédé à un chargement de combustible.

Le Dr Laborde insista sur les inconvénients des poêles mobiles, tout en repoussant les mesures administratives qui interdiraient ces appareils.

Tout le monde, dit le Dr Ferréol, est d’accord sur ce point que les poêles à combustion lente font courir des dangers sérieux à la santé publique. Je m’empresse cependant de reconnaître que ces appareils ne sont pas seulement commodes et économiques, mais qu’ils chauffent très bien.

Le Dr Ferréol proposa d’approuver l’instruction rédigée par le Conseil de salubrité de la Seine, que nous venons de citer, en y ajoutant d’autres recommandations, qui consistent surtout à éloigner les poêles mobiles des chambres habitées la nuit.

Dans la séance du 16 avril, le professeur Verneuil communiqua à l’Académie de médecine, une observation qui mettait nettement en évidence les dangers des poêles à combustion lente.

Il s’agit d’un empoisonnement causé par un poêle mobile, placé dans un cabinet de toilette, voisin de la chambre à coucher. M. X…, âgé de quarante-cinq ans environ, et sa femme, de deux ans plus jeune, jouissant tous deux d’une santé satisfaisante, rentraient chez eux le samedi 21 janvier 1888, à dix heures du soir. Ils transportèrent un poêle mobile, situé dans le salon, dans un cabinet de toilette, en communica-