Aller au contenu

Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/607

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion



mettait à bien des navires de continuer leur marche et d’entrer au port la nuit, alors qu’ils n’auraient pas pu le faire avec les phares à l’huile.

Grâce au perfectionnement des appareils, la lumière électrique qui, d’abord, laissait à désirer, par sa mobilité, était arrivée peu à peu à être d’une fixité remarquable. D’autre part, les craintes que l’on avait exprimées a priori concernant la délicatesse des régulateurs de la lumière électrique, ne s’étaient pas réalisées. Les extinctions avaient été courtes et peu nombreuses.

Les bons résultats constatés depuis 1870 dans les deux phares électriques du cap de la Hève, ont déterminé l’application de ce même mode d’éclairage à plusieurs phares, français et étrangers. Citons ceux du cap Gris-Nez (Pas-de-Calais), de Planier (Marseille), de la Palmyre (Gironde), de Baleville (île de Ré), de Calais, de Dunkerque et de l’Ailly (France) ; en Angleterre celui du cap Lizard ; en Russie, ceux d’Odessa et de Cronstadt ; en Égypte, celui de Port-Saïd ; au Brésil, celui de Bazza ; en Portugal, celui de Roccas.

Il est nécessaire de faire connaître ici les circonstances dans lesquelles l’éclairage électrique a été substitué à l’éclairage à l’huile minérale dans les phares français dont nous venons de citer les noms.

Après l’introduction de l’éclairage électrique dans les phares de la Hève et du cap Gris-Nez, on voulut attendre que l’expérience eût confirmé les avantages de ce nouveau système d’éclairage, avant d’en étendre l’application. Mais des plaintes s’élevaient sur l’insuffisance du phare de la Palmyre et de celui de Planier, à Marseille. Le phare de la Palmyre est destiné à signaler, concurremment avec celui de la Conche, l’entrée de la Gironde, par la passe du Nord. Il était éclairé à l’huile et, par les temps brumeux, sa portée étant insuffisante, des navires avaient éprouvé des accidents. L’administration décida d’éclairer à l’électricité les phares de la Palmyre et de Planier. En 1880, eut lieu l’allumage électrique de ces deux phares.

Les cinq premiers phares électriques (la Hève, Gris-Nez, la Palmyre et Planier) avaient été établis sans vue d’ensemble, et pour ainsi dire, indépendamment les uns des autres. On courait le risque, en continuant d’agir ainsi, sans plan préalable, d’arriver à des résultats peu concordants. L’administration décida de mettre à l’étude un projet général pour l’installation de la lumière électrique, d’après des préceptes uniformes, dans les phares français qui seraient reconnus comme réclamant cette transformation. Une étude générale fut donc préparée par les ingénieurs du service des phares, au ministère des travaux publics, et le ministre présenta, en 1881, à la Chambre des députés, un projet de loi à ce sujet.

Ce projet de loi avait pour but d’établir l’éclairage électrique dans tous les phares des côtes de France, et d’installer des signaux sonores pour suppléer à l’insuffisance des phares, en temps de brume.

Sur quarante-six phares qui garnissent nos côtes, quatre étaient déjà pourvus d’appareils électriques de grande puissance : ceux de la Hève (phare double), du cap Gris-Nez et de Planier ; il s’agissait d’appliquer le même système d’éclairage aux quarante-deux autres. La dépense était évaluée à 7 millions. On calculait, d’autre part, que l’installation de signaux sonores, produits par des trompettes à vapeur, par les temps de brume, coûterait un million.

La première application aurait lieu, pour les deux ordres de perfectionnements, sur les phares de Dunkerque, Calais, Gris-nez (restauré), et le double phare de la Conche.

Le projet de loi faisait remarquer qu’au