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sinée pendant un mois, n’avait rien perdu de sa fraîcheur.

Le phonographe parle toutes les langues. Le prince Taïeb-bey lui adressa la parole en arabe, et Mistral en provençal : le phonographe répéta leur conversation avec toutes les inflexions de voix et l’accent de chacun de ses interlocuteurs.

M. Edison regrettant qu’on ne pût conserver avec fidélité la voix et les intonations de nos hommes célèbres, orateurs, savants ou musiciens, a eu l’idée de faire des phonogrammes, qui recueilleraient leur discours ou leurs chants, pour les générations futures.

On assure que l’Institut songe à aménager une sorte de bibliothèque, dans laquelle seront déposés des manchons destinés à enregistrer la voix de ses membres. Ce ne sera pas un des moindres prodiges de l’avenir, que de faire parler les morts.

Mentionnons ici une application intéressante du phonographe au diagnostic des maladies de l’oreille.

L’examen fonctionnel de l’ouïe est d’une grande importance pour le diagnostic et le pronostic des maladies de l’appareil auditif.

Les sources sonores employées jusqu’à ce jour, pour mesurer l’acuité auditive, ne remplissent pas les conditions d’un bon acoumètre. La voix humaine, qui nous donnerait la meilleure idée de l’acuité auditive, est une source sonore qui n’est pas constante chez le même médecin, et encore moins chez les différents médecins. Son emploi exige aussi des appartements très vastes.

Le nouveau phonographe d’Edison remplit toutes les conditions d’un bon acoumètre, ainsi que l’a montré M. Lichtwitz.

1° Il émet tous les sons et bruits perceptibles pour une oreille normale, et surtout la parole, avec toutes ses inflexions. On peut donc, à l’aide du phonographe, composer des phonogrammes, susceptibles de servir d’échelles acoumétriques, à l’instar des échelles optométriques. Sur ces phonogrammes sont inscrits les voyelles, les consonnes, syllabes, mots et phrases, d’après leur intensité et d’après leur valeur acoustique, telle qu’elle a été établie par O. Wolf, et qui contiendront de plus toutes les gammes des sons musicaux.

2° Le phonographe est une source sonore à peu près constante, puisqu’il est capable de reproduire un nombre presque illimité de fois la parole inscrite. Il permet donc de comparer l’acuité auditive des différents malades, et chez le même malade à différentes époques de sa maladie.

3° Les phonographes étant des appareils d’une construction identique, reproduiront, avec la même intensité et le même timbre, les phonogrammes uniformes. Il suffira d’approcher d’un phonographe reproduisant un phonogramme étalon, et, à une distance fixe, un second phonographe, qui reproduira un nombre considérable de phonogrammes identiques.

Grâce à l’uniformité des phonographes et des phonogrammes, les médecins auristes de tous les pays pourront comparer entre eux les résultats de leurs examens de l’ouïe.

4° L’emploi du phonographe est facile et il n’exige ni trop de temps ni de trop vastes espaces. On fait entendre à l’oreille malade, munie du tube acoustique du phonographe, les différents phonogrammes, l’un après l’autre. On descend dans l’échelle acoumétrique jusqu’à ce qu’on soit arrivé au phonogramme que le malade n’entend plus, et qui indique la limite de l’acuité auditive.

Cette méthode diffère de celles employées jusqu’à présent, en ce que la source sonore reste toujours à la même distance de l’oreille, et que c’est l’intensité du son qui varie seule. L’examen est limité à une