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Page:Fischbach, Le siège et le bombardement de Strasbourg, 1870.djvu/14

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à Strasbourg, et le 87e de ligne, qui se trouvait dans la ville par hasard, car ce régiment n’était que de passage et devait partir pour rejoindre un corps d’armée au moment de l’investissement. Il y avait de plus un certain nombre de douaniers et une soixantaine dé marins, arrivés pour monter les canonnières destinées à manœuvrer sur le Rhin. Quelques milliers d’hommes de toutes armes, réfugiés à Strasbourg après avoir été battus à Frœschwiller, étaient venus s’ajouter à la petite garnison de la ville, et la garde mobile, enfin, complétait le nombre des défenseurs de la forteresse.

Les palissades n’étaient pas encore dressées partout ; pas un arbre n’était coupé sur les routes, et l’eau des fossés des fortifications n’était pas plus haute qu’en temps de paix ; les pièces des remparts étaient sans artilleurs ; il semblait enfin qu’une attaque contre Strasbourg fût réputée impossible et que ceux qui parlaient de la probabilité d’un siège, d’un blocus, d’un bombardement fussent des pessimistes qui ne savaient, dans le trouble où les jetait la peur, se rendre compte de la situation. On cherchait à prouver qu’il ne pouvait être question d’un mouvement offensif contre Strasbourg. L’objectif de l’Allemagne était maintenant la capitale de la France, et l’Allemagne ne pouvait, disait-on, détacher de son armée les troupes qui seraient nécessaires pour attaquer Strasbourg. Si Paris tombait aux mains de l’armée allemande, Strasbourg tomberait de lui-même dans ses mains, et il n’était point besoin, par conséquent, de perdre autour de cette place du temps et des soldats.

Chacun s’arrangeait ainsi pour son propre compte une politique commode, une politique dont il pressentait bien l’impossibilité, mais qu’il s’efforçait de croire toute natu-