Aller au contenu

Page:Fischbach, Le siège et le bombardement de Strasbourg, 1870.djvu/22

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Hélas ! combien il parut petit quelques jours après, et comme le souvenir même s’en effaça bien vite devant les souffrances terribles que Strasbourg endura plus tard !

La veille déjà, un projectile lancé par une batterie ennemie était tombé dans la ville, en traversant un pignon et une cheminée et en éclatant dans la cuisine d’une maison de la rue du Marais-Vert. Le 14 août au matin, la foule se pressait devant cette maison et l’on s’étonnait, triste dérision ! de la longue portée de la pièce d’artillerie qui avait lancé un obus depuis Hausbergen jusque dans la ville et des ravages que les éclats de cet obus avaient exercés.

Le même jour plusieurs obus tombèrent dans le faubourg de Saverne, sur le quai Saint-Jean, dans les bâtiments du Mont-de-Piété, dans la gare du chemin de fer. Un seul projectile causa un accident grave : il tomba sur un candélabre à gaz placé au bord du trottoir du faubourg de Saverne, brisa ce candélabre et blessa, en éclatant, un homme et deux femmes qui passaient dans la rue. Le premier se nommait Ulrich ; il avait reçu un fragment d’obus dans la cuisse et mourut quelques jours plus tard des suites de sa blessure. C’était la première victime. Combien d’autres suivirent !

On s’effraya fort de ces malheurs, qui préoccupèrent la ville entière, et semblèrent, aux yeux de la population, devoir être ce que l’ennemi pouvait faire de plus terrible. On se disait que ces obus étaient dirigés sur les ouvrages des fortifications et que quelques-uns avaient dépassé leur but, et l’on ajoutait qu’il était à craindre que l’un ou l’autre des faubourgs reçût encore quelque projectile égaré. Si cette crainte seule s’était réalisée !

Le même jour on annonçait en ville que des troupes