Aller au contenu

Page:Fischbach, Le siège et le bombardement de Strasbourg, 1870.djvu/23

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

badoises venaient de prendre possession de la Robertsau, un village faisant partie de la banlieue de Strasbourg et situé hors la porte des Pêcheurs, près de l’Orangerie. Des détachements d’infanterie s’étaient en effet installés sur ce point, et une partie des habitants de la Robertsau fuyaient vers Strasbourg, comme ceux de tous les villages voisins où les troupes ennemies s’étaient montrées. Ils arrivaient la plupart dans des bateaux, dans de petites nacelles chargées à la hâte de tout ce qu’ils avaient pu emporter de leur bien. C’était un triste spectacle que de voir ces pauvres gens débarquer sur les quais quelques meubles, un peu de literie, puis s’en aller chercher par la ville un asile pour eux et leurs enfants.

Quelques propriétaires aisés de la Robertsau avaient opéré un déménagement plus considérable, et l’on vit arriver de grands bateaux de transport dans lesquels étaient entassés des mobiliers complets.

Une reconnaissance composée de quelques pelotons de cavalerie, de plusieurs pièces d’artillerie et de détachements d’infanterie, sortit de Strasbourg et se dirigea du côté de la Robertsau. Elle rencontra de faibles postes ennemis, avec lesquels elle échangea quelques coups de fusil, puis revint en ville sans avoir obtenu grand résultat.

Les rues de Strasbourg avaient ce soir-là un aspect étrange. La municipalité avait prévenu les habitants que les gazomètres allaient être vidés et qu’on eût à préparer des lanternes pour l’éclairage de la voie publique. Le soir du 14 août la mesure fut mise pour la première fois en vigueur. Chaque maison avait accroché une lanterne à sa façade, et cet éclairage ne manquait pas d’une certaine originalité. Ces lumières n’éclairaient que faiblement, elles faisaient plutôt mieux voir l’obscurité ; mais toutes