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Page:Flammarion - La Pluralité des mondes habités, Didier, 1877.djvu/21

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LA PLURALITÉ

DES

MONDES HABITÉS


INTRODUCTION

Il suffit d’observer avec attention l’état actuel des esprits pour s’apercevoir que l’homme a perdu sa foi et sa sécurité des anciens jours, que notre temps est une époque de luttes, et que l’humanité inquiète est dans l’attente d’une philosophie religieuse en laquelle elle puisse mettre ses espérances. Il fut tin temps où l’humanité pensante était satisfaite par des croyances qui comblaient ses aspirations ; aujourd’hui il n’en est plus ainsi : les vents critiques qui viennent de souffler ont desséché ses lèvres, ils l’ont sevrée des sources vives de la foi, où elle trempait de temps en temps ces lèvres altérées, où elle se régénérait aux jours de défaillance. On lui a pris successivement tout ce qui faisait sa force et son soutien. Que lui a-t-on donné en place ? le vide, hélas ! le vide sombre, insondable, où se meuvent dans l’ombre ces êtres sans forme qu’enfanta le doute — le vide de l’abîme, où la raison

elle-même perd sa force vantée, où elle se sent prise

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